| InvitéInvité |  Sujet: La Mort, l'amour, la foi.  Mar 26 Juin - 14:05 | |
| Le fantôme d’un mort. Voilà comment l’on aurait défini ce qui m’attendait si j’avais pris la peine de rassembler des informations avant d’aller au cimetière pendant la nuit, ce que je n’avais pas fait bien sûr. Enfin, j’aurai peut-être dû le faire pour me préparer à ce que j’allais voir, de plus, ça n’aurait pas été de trop. De toute façon, l’on m’avait confié la mission d’éclaircir ce mystère, donc rien n’aurait sans doute été en trop. Mais de toute façon, en toute vérité, je ne m’attendais vraiment pas à ce que l’on me raconte était vrai : le cimetière était hanté. Et donc, c’était ce qui me fit face, sans que je ne m’attende vraiment à voir ça ; c’était un homme rampant au sol, aussi sale que s’il venait juste de sortir de la terre, les cheveux gras et tombants et les yeux rouges, ensanglantés. Je mentirais si je disais ne pas avoir pris peur un instant. Je restais bouche bée devant cette apparition fantomatique.
« Mais… qu’est-ce ? »
Ce ne pouvait pourtant être vrai, sans l’intervention de Jashin-sama en tout cas. Ainsi, toutes mes croyances furent balayées, moi qui déniais totalement l’existence d’êtres surnaturels tels les fantômes, enfin si c’en était un. Après tout, lorsque l’on parle de fantôme, on a plutôt l’idée d’un être translucide, or là… j’aurai préféré qu’il soit transparent plutôt qu’un être ressemblant plus à un mort-vivant qu’à un fantôme… je restais immobile devant cette entité rampante, la peur me dominait. Si les fantômes en lesquels je croyais existaient, cela signifiait que j’avais tort et peut-être qu’au final, j’avais tort de croire à quoique ce soit, comme par exemple… Jashin-sama !
Non. Il fallait que je calme. Je ne pouvais dénier l’existence de Jashin-sama. Ou plutôt, je pouvais dénier la non-existence de Jashin-sama comme je pouvais dénier l’existence de ce fantôme. Oui, les fantômes n’existaient pas, même s’il y en avait un qui se montrait devant moi. Mais s’il était là, il y avait sans doute une raison derrière tout ça. Par exemple, Jashin-sama qui m’envoyait ça pour tester ma foi en lui, et si j’abandonnais dès maintenant, je ne pouvais être un de ses apôtres. J’approchais donc du dit fantôme, sans tressaillir devant lui. Finalement, j’arrivais juste devant lui et je pointais alors ma lance courte en sa direction. J’aurai pu prendre ma lance longue, mais non. Je voulais être proche de ce mort pour lui montrer à lui comme à Jashin-sama, que je ne pouvais avoir peur avec ma foi, et pour cela, je prenais ma lance jaune.
« Pourquoi n’as-tu pas peur ? »
« Parce que j’ai tout simplement la foi. »
Il m’avait parlé, je savais maintenant ce qu’il était, je n’avais plus à le menacer de ma lance, mais à exécuter mes menaces : ce que je fis. Je tranchai ses doigts et un cri horrible s’échappa de sa bouche alors qu’il se leva, soulevé par la souffrance que lui causait la perte de ses doigts, une souffrance divine sans doute. Il se tenait le poignet, le serrant fort, pensant sûrement que sa souffrance s’apaiserait en tenant le plus fort possible son poignet, mais il avait tort, il me restait encore deux coups à lui donner. Je lui en aurai bien donné davantage, mais à quoi bon si je ne pouvais pas partager sa souffrance ? Elle lui ferait seulement plaisir à lui, et c’était hors de question que je lui procure le plaisir divin de la souffrance, il ne la méritait guère et je n’étais pas là pour lui faire plaisir de toute façon, juste pour accomplir ma mission.
« En vérité. Tu es juste un clochard pas vrai ? Un pitoyable et pathétique clochard qui pense pouvoir s’approprier le cimetière en effrayant les gens en jouant cette pauvre comédie ? J’avoue que j’ai failli tomber dans le piège, mais tu es tombé sur la mauvais personne : un apôtre de Jashin-sama ! Maintenant silence, ou bien tu vas réveiller les morts. » En lui disant ces dernières paroles, je l’empalai à ma lance, le stoppant ainsi net dans ses mouvements. Il était encore en vie malgré le flot du sang qui se déversait de sa bouche et de l’endroit où je l’avais transpercé, tant qu’il ne bougeait pas dû moins. C’était à moi de l’achever, il n’avait plus assez de force pour bouger afin de se tuer. J’allais l’envoyer à Jashin-sama, bien que je n’avais pas encore le niveau pour exercer le rituel nécessaire, ce meurtre lui arriverait tout de même comme j’étais déjà un de ses apôtres. Cependant, il fallait avant toute chose que j’entende les dernières paroles du sans-abri qui s’était fait calmé en s’étant fait transpercé par ma lance. Il savait qu’il ne pourrait pas survivre à ce coup de lance, et donc que c’était sa dernière chance de parler, chance qu’il prit.
« En vérité… je ne voulais pas m’approprier ce cimetière… je souhaitais juste rester aux côtés de mon bien-aimé, même après que la mort nous sépare. »
C’était une confession apparemment. Voulait-il me faire culpabiliser ? Je tournai la tête pour voir les tombes aux alentours, et sur la plus proche était en effet gravé le nom d’un homme, et surtout une épiphanie en bas du compagnon du défunt homme ; et ce compagnon partageait en effet de l’amour avec le décédé d’après l’épiphanie. Epiphanie qui était d’ailleurs faite des mains d’un expert, ce ne devait donc pas être cet homme empalé à ma lance qui l’avait gravé juste pour du vandalisme pur. Il disait donc vrai, il voulait juste être aux côtés de son amour décédé.
« Bah… désolé mec. » Je sortis ma lance de son corps avant de le décapiter avec ma plus longue. Non, mais en vrai, même si je m’étais excusé, je n’avais pas vraiment de regret. Si je m’étais excusé, c’était juste parce que ça ne l’aurait pas fait de ne pas exprimer son pardon même faux après ça. Mais si je n’éprouvais aucun regret, c’était surtout parce que si je l’avais tué, c’était surtout pour Jashin-sama. Après tout, personne ne pleurerait un sans-abri qui empiétait dans un cimetière en faisant le clown pour effrayer la galerie. De plus, il fallait bien que je tue une fois ou deux pour Jashin-sama, afin de le prier. Surtout que j’avais presque douté de lui, encore un peu et j’aurai perdu la foi.
« Jashin-sama ! Êtes-vous satisfait de ce meurtre ?! »
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