Je suis un peu perdue, même si je sais où je suis. Physiquement. Konoha, Naoko, missions… Pourtant, mon esprit vacille encore entre ce que je sais être vrai, et ce rêve qui hante mes nuits comme un fantôme. Je tremble encore un peu, mais ma respiration se calme. Pourquoi, malgré tous ces efforts, je me reprends tout dans la figure chaque nuit ? Je connais la réponse, on ne m’a pas encore assez puni.

Je me lève, je sais qu’il sera impossible pour moi d’aller me recoucher cette nuit. Dommage, je suis pourtant tellement crevée. Tellement que je baille, encore et encore. Vie de merde. Mais c’est justement la vie qui importe. Baah, je n’arrive pas à nous supporter, moi et mes pensées pseudo philosophiques quand j’suis claquée. Le bout des doigts pas encore tout à fait relié au cerveau, je sais tomber la tasse que je viens de sortir pour me faire un café. En cadeau, je marche dedans. Bravo Oosei, bravo. Mon sang chaud commence à se répandre sur le sol de la cuisine et la douleur dans mon pied. Elle est aiguë, comme si elle pouvait crier d’elle-même, pourtant, je ne réagis pas. Ca me rappelle quand… Non, pas envie de penser à ça après un cauchemar. Je nettoie ma plaie tant bien que mal, tellement à l’Ouest qu’il m’est impossible de retrouver le bon jutsu, et pourtant, je n’en connais pas 50 ! Du coup, c’est à l’ancienne, avec désinfectant et bandage. Je nettoie aussi le sol et ramasse les morceaux de tasses jonchant le sol. Je boîte un peu maintenant, comme un animal blessé. ‘Une saleté d’être ignoble qui ne mérite que son dû et marche comme une chose’, me lance une petite voix intérieure. Qu’elle aille ailleurs, l’écouter me donne la migraine.

Bon, il en est où, mon café ? Je regarde l’heure, 3h47. Ma journée commence bien tôt dis donc… Pas moyen, même mon côté narquois et taquin m’insupporte. Je vais finir par me dire que. Je sais plus, trop fatiguée. Vivement que j’arrête de faire des cauchemars, parce que se réveiller à 3h du matin, à l’Ouest, tous les jours, ça me gave.

La chaleur du café me fait du bien, c’est sûrement psychologique, mais je me sens déjà mieux réveillée. Ma lucidité me revient à grands pas, enfin. Une question se pose à présent, que faire ? Une balade hyper matinale ne serait pas de refus. Je pourrai penser à autre chose, voir le monde se réveiller en douceur. Je choisi d’aller dans un lieu que j’apprécie particulièrement, la prairie. Elle est calme, apaisante, et quand on y reste quelques heures observer ce qu’y s’y passe, on se rend compte qu’elle est autonome, rien de tout ce qui arrive à l’extérieur ne la touche, elle reste verdoyante et magnifique.

Il fait encore bien nuit, ce qui n'est pas étonnant à cette heure. D'ici une heure ou deux, les premiers oiseaux commenceront à piailler et gazouiller gaiement. Le village est vraiment calme, et, lorsqu'on passe sous un appartement avec les fenêtres ouvertes, on peut parfois entendre quelques ronflements.

Une fois à la prairie, je trouve une assez grosse pierre où je m'assieds, prête à contempler un nouveau lever de soleil. Calme et silence confondus, on pourrait presque croire que le temps n'avance pas, et pourtant...

Une présence, sa voix. Je n’ai pas trop de mal à reconnaître celle de Naoko. Depuis quand était-elle rentrée de mission ? Je ne l’ai pas beaucoup vu ces derniers jours, et ne l’ai même pas entendu rentrer. Elle était peut-être déjà dans son lit quand je suis moi-même rentrée à la maison. M’enfin bref. Je sens quelque chose dans mes cheveux. Instinctivement, je mets ma main entre. Ah, une brosse. Quelle fille étrange, pour vouloir brosser les cheveux d’une autre personne alors que le soleil se lève. Cet astre tant adoré dans le monde est toujours aussi resplendissant.

Un nouveau jour se lève. Puis, comme tous les jours, il se terminera. J’admire le temps, juste pour son unique faculté de continuer son cours, malgré les événements. Bon, à croire que le café ne m’a pas encore réveillé, parce que je repars dans des pseudos découvertes philosophiques. Naoko est bavarde, comme à son habitude. Enfin, bavarde, pas vraiment. Et c’est justement ça qui est assez suspect. D’habitude, elle parle beaucoup, voire beaucoup trop. Où est passé son entrain naturel, sa joie de vivre ? Devant les circonstance, il a dû se passer quelque chose durant la mission.

La soleil levé, je me retourne et regarde la kunoichi qui m’a accueilli. Elle n’a pas l’air dans son assiette, comme je m’y attendais. Mais bon, qu’est-ce que je peux lui dire ? ‘Alors, des problèmes pendant une mission ?’ ou encore ‘Pourquoi tu tires cette tête ? ‘. Non, c’pas mon genre. Pas envie de me mêler de ce qui ne me concerne pas. En plus, on a du pain sur la planche, vu que, visiblement, on va commencer un entraînement. Entraînement plus quoi ? Combat ? Hum, super, mais je ne pense pas pouvoir être très efficace avec mes quelques techniques apprises à la va-vite.

Je savais depuis le début qu’un ninja devait se battre. Pourtant, même si le fait d’en devenir un m’attirait, le combat, lui, me répugne. Il y a toujours un gagnant, un perdant. Le perdant doit mourir, enfin, c’est ce que je pense. Bon, j’exagère peut être un peu. Mais je ne veux pas me battre, je veux aider. ‘Seulement, il faut se battre pour aider !’ Oh, toi, hein ! Cette petite voix a le don de m’énerver, avec ces vérités idiotes. Pff… Pas envie de commencer un nouveau débat intérieur, je décide de me lever. Aïe. Oups. Merde. Oups. Pas moyen, j’suis vraiment une idiote. J’ai oublié que je m’étais blessé le pied avant de partir et que je n’avais pas soigné la blessure. Du coup, en m’appuyant sur le mauvais pied, la douleur s’installe à nouveau et je vacille. Je me rattrape assez vite et me rassieds.

Conclusion, il va falloir guérir cette vilaine plaie. J’enlève le bandage, approche mes mains et guéri mon pauvre petit pied blessé. Je ne sais pas trop comment Naoko va réagir. Peut-être cette technique est-elle une base pour tous les ninjas ? D’après ce que je sais, non. M’enfin, on verra. Guérie, je me mets sur pieds et parle pour la première fois à voix haute depuis mon réveil.

« D’accord, on s’y met. Je ne connais pas beaucoup de techniques, juste des techniques de soin basiques et deux techniques Fuuton. Pas grand-chose à vrai dire. Et je ne sais pas me battre. Enfin, je connais les bases, mais utiliser le bon justu au bon moment, enfin. Bref.»

Je ne connais presque rien, en fait. Mais je me rattraperai, j’apprendrai. D’ailleurs, je ne sais même pas si Naoko est en mesure de m’apprendre des techniques ou si je devrai aller chez un autre professeur ? Ca m’embêterai un peu. Pas envie de chercher, déjà, et après, ben, pas envie quoi. Je m’étonne moi –même de ce que je viens de dire. Ou plutôt de la quantité de mots sortis en une seule fois de ma bouche. Progrès, progrès. Je m’en réjouis d’avance. En tout cas, je suis prête, et j’attends les instructions de mon nouveau sensei, pour commencer l’entraînement !

Raah, le manque de bol ! L’apprentissage d’éventuelles techniques Fuuton, c’est foutu. Mais heureusement, Naoko pouvait m’apprendre l’Iroujutsu. D’un côté, c’est peut-être mieux comme ça, parce que trouver un sensei libre pouvant me faire évoluer dans cette voie est assez rare. Le combat au corps à corps n’est pas vraiment envisageable pour un médecin ? Ok pour moi, parce qu’avec les mini-pichnettes que je suis capable d’envoyer, je ne pense pas aller très loin… Il faudra tout de même que je m’y entraîne un jour, hum. On verra bien, mais je ne donne pas fort du résultat. Rien que de m’imaginer en train de donner un simple coup de poing me fait rire, une espèce de gamine donnant toute son énergie pour… Bah oui, pour rien.

Bref, Naoko est plus bavarde d’un coup, ça me rassure un peu. Ah ben non, elle me laisse en plan. Qu’est-ce qu’elle me prépare ? Une attaque surprise ? Instinctivement, je sens tous mes muscles se tendre. Les oreilles aux aguets, je réussi avec un peu de mal à percevoir un son pas très agréable à entendre. Oula, ainsi donc Naoko est malade ? Ca explique son manque de parole. La voilà qui fait un clone. Je croyais qu’on ne ferai pas de combat ? Là, je commence sérieusement à débloquer. Trop de questions, pas de réponses. En fait, si, le clone m’explique tout ce que j’ai besoin de savoir. Ainsi, Naoko sera ‘indispo’ pour quelques moins ?! Pourquoi ? Je cherche une explication, mais la réponse reste assez vague. Vomissement + quelques mois. Enceinte. Ca paraît évident, mais peut-être est-ce aussi autre chose, une maladie rare, etc. M’enfin, on verra bien ce que va donner tout ça !

Je devrai donc esquiver. La vitesse est ce que je trouve un petit point fort chez moi, mais vu que ma sensei est puissante, je ne vais pas la jouer, je sens déjà que je vais me prendre pas mal de coups douloureux aujourd’hui. La douleur. Ca fait un moment déjà que je n’ai pas souffert le martyr. Ah si, ce matin. Bon, on va dire que ma mémoire est un point faible, vu qu’elle est égale à celle d’un poisson rouge.

Je n’ai pas le temps de divaguer d’avantage lorsque le clone me lance la première attaque. L’eau de la rosée du matin commence à s’agglutiner et créer des espèces de piques. Ca craint. Les piques commencent à voler dans ma direction. Je recule, mais trop tard, me voilà entourée de senbons d’eau. Puis, d’un coup, ils essaient de m’épingler. Comme je m’y attendais, je n’ai pas réussi à éviter tous les projectils, ceux qui m’ont eu m’ont légèrement coupé au niveau des bras et des jambes, j’avais tout de même réussi à protéger ma tête et mon tronc. Les lacérations sont assez douloureuses, mais supportables. Le sang commence à couler des plaies superficielles, laissant des zébrures rouges sur mes membres. Pas besoin de soigner, ça se refermera vite.

La deuxième attaque à distance vint à moi avec moins de vitesse. Le clone m’envoyait des pierres à la figure. Ah ben merci ! Au départ, elles ne viennent que de face. J’arrive donc à les éviter. Jusqu’au moment où je m’en prends une sur le flanc. Ouaaah, ça fait maaaaal ! Je nie la douleur et continuer d’esquiver les pierres, avec du mal mais au bout d’un moment, j’arrive à m’adapter. C’est pas trop tôt ! Concentration, concentration. La pluie de pierres s’arrête, j’en conclue que je vais devoir m’attendre à pire.

Quand on est sur terre, on pense souvent que le danger vient d’en haut. Eh ben non ! Je me suis presque effrayé lorsque le sol a commencé à trembler, et heureusement pour moi, j’ai réussi à sauter à temps lorsqu’une dizaine de pics en sont sortis. Bordel, j’avais oublié que Naoko maîtrisait le Doton, même après avoir subi ses attaques de pierres. J’aurai dû y penser. Mais bon, la cacahuète qui me sert de cerveau est bien trop concentrée sur ses esquives qu’à penser à quelles techniques j’aurai à faire par après.

Mes petits petons ont quand même subis des dégâts, et mes mollets aussi. Je commence sérieusement à être couverte de sang. Merde. La plupart des blessures ne sont que superficielles, mais les plaies saignent vite. A peine à terre, je me mets assez loin du clone, et soigne mes blessures à la va vite, juste de manière à fermer les plus grosses plaies. Je n’ai pas encore terminé quand le clone court vers moi et me mets une droite. Et re-merde. J’avais ENCORE oublié, il m’avait prévenu que les attaques à distance seraient suivies par du corps à corps.

Je saute au arrière et me mets en position de défense. Le clone me suit et enchaîne de simples coups de poings. Au départ, je m’en prends pas mal en pleine poire, il faut l’avouer. Ca m’étonne qu’il ne me casse pas le nez, mais je me doute que c’est fait exprès. Voyant que je n’arrive pas à ce rythme, je le sens qui ralentit. Là, j’essaie de m’adapter. Lorsque je réussi à esquiver encore avec un peu de mal les coups de poings, le voilà qui me fait un kick. Raah, j’ai maaaal !

Bref, épargnons nous ce reste de bastonnade. En résumé, je m’en suis pris pour ma pomme. Le clone arrête finalement de distribuer des coups dans tous les sens, me laissent à moitié morte, mais toujours débout au milieu de la prairie. Là, je m’assoie, et j’attends la suite, complètement sonnée. Le soleil m’éblouit maintenant. Combien de temps est-ce que ça a duré ? Je ne sais pas trop, mais le soleil est bien haut dans le ciel.