Le respect est l'une des premières valeurs que l'on nous enseigne dans le clan Cho, chaque membre de cette noble famille se doit de respecter autrui. Si le monde est en proie à la souffrance et à la peur c'est justement à cause de ce manque de respect. Les hommes ne se respectent plus, chacun ne pense qu'à son propre intérêt. Comment en sommes-nous arrivés à ce stade aussi lamentable ? De mon temps, les mentalités étaient différentes. Quand je vois le monde évoluer jour après jour, je me demande dans quelle société va évoluer mon fils ? Je refuse qu'il soit un de ces individus qui m'horripilent tant. Pour que cela n'advienne jamais, il est de mon devoir d'inculquer cette notion de respect à ceux qui l'ont oublié ou bien qui ne l'ont jamais apprise. Dans l'un des quartiers de Konoha, une guerre intra-générationnelle s'est déclarée à cause d'une histoire des plus saugrenues.

Jeunes et vieillards se déchirent maintenant. La cohabitation est devenue impossible entre cette fracture des âges. Le village m'a quémandé afin que je trouve une solution à ce problème qui commence à prendre de l'importance. Les autorités ont peur que cela dégénère, mais elles n'ont pas le temps de s'en occuper, d'où ma venue dans ce fameux quartier. Tout le monde sait que les Cho sont nés avec le mot « respect » dans leur cœur. Je me trouve en ce moment même dans la rue principale de ce quartier sud où la chaleur est écrasante. Personne, tout le monde ce cache. L'atmosphère y est pesante, j'ai l'impression d'être sorti de Konoha et de m'être aventuré sur un territoire des plus hostiles. Je regarde les façades des maisons, les volets sont fermés et couvert de peinture rouge ainsi que de reste de nourriture. Des enfants avaient dû s'amuser à leur lancer des fruits et des légumes plus comestibles.

Quelle tristesse de voir autant de haine pour nos anciens et quelle désolation de voir nos ainés incapable de se remettre en cause. La tâche s'annonçait longue, mais je me devais de la réussir pour le bien de ces gens. Même si nous n'avons pas le même nom, même si notre sang est différent des uns et des autres, nous nous devons d'être une grande famille solidaire. Nous sommes les enfants de l'arbre de Konoha, nous sommes ses feuilles, cette parure verdâtre qui donne tant d'élégance à ce chêne qui existe depuis tant d'années. Nos prédécesseurs, ceux qui sont morts en héros nous ont permis de vivre dans ce havre de paix, le détruire en le rendant hostile sera une injure à leur mémoire et je refuse que cette situation se fasse. Je décide donc de frapper à la porte de l'une des habitations afin de prendre la « température » et de mieux comprendre les comportements de ces habitants. Pour le moment, je ne rejette ni la faute sur les jeunes et ni sur les ainés. Je préfère entendre les témoignages des deux camps afin de me faire ma propre opinion.

Ma main devenue rocailleuse à cause de ses années de combat dans l'ombre toqua à la porte. D'une voix forte je me présentais comme étant un Ninja du village. Je refusais de dire que j'étais un Genin, car on ne me croirait pas à cause de mon âge. En principe les Genins sont de jeunes enfants et non des adultes qui ont déjà vécu une cinquante d'années sur cette terre. La porte s'entrouvrit et je vis le visage d'une femme, elle était âgée, mais elle gardait une certaine beauté.

« Bonjour madame. Puis-je entrer dans votre humble demeure afin que je puisse m'entretenir avec vous. »

Elle me regarda d'un air stupéfait et je compris tout de suite sa gêne. Ma capuche, elle ne voyait pas mon visage, seulement cette barbe brune que j'arbore depuis maintenant dix ans. J'enlevais cette dernière afin qu'elle puisse voir mon visage qui était lui aussi marqué par le temps. Je lui adressais un sourire pour la mettre en confiance, elle me fit entrer chez elle. La femme me proposa si je voulais boire quelque chose, j'acceptais son offre. Elle nous servit du thé dans deux tasses, une pour elle et une pour moi. Je vins tout de suite au problème. Je voyais qu'elle était gênée par la tournure des évènements, les choses se sont tellement envenimées en si peu de temps que c'était surprenant. Je lui demandais de m'en dire plus sur cette histoire de chat, histoire qui est l'épicentre de cette guerre entre génération.

« Le chat de madame Karachi c'est fait les griffes sur le ballon de cette bande de voyous. Cette bande de morpions c'est donc attaqué à ce pauvre animal en lui jetant des pierres. Heureusement le chat n'a pas été blessé. Quand nous avons appris cette nouvelle, tout monde c'est emballé et cela à donner ce que vous voyez aujourd'hui. S'il vous plait faites comprendre à ces jeunes qu'ils ont tort et qu'ils doivent s'excuser publiquement. »

« Je suis là pour aider un quartier à retrouver sa prospérité. Tout le monde devra faire des efforts, cela marche dans les deux sens et non dans un seul sens. »

Sur ces paroles, je quittais la maison. Néanmoins, je buvais avant de partir la tasse de thé que m'avait préparé la maîtresse des lieux. Il était temps pour moi d'aller voir ces jeunes et de comprendre pourquoi ils ont agi de cette façon. Onze heure du matin, à cette heure je devrais les trouver dehors en train de jouer. Je tendais mon oreille pour entendre des cris d'enfants. Il y en avait, je me dirigeais donc vers ses bruits remettant par la même occasion ma capuche. Ils étaient en train de jouer dans une ruelle qui était perpendiculaire à la rue principale. Tous arrêtèrent de jouer, ils ne disaient plus un mot. Voilà donc les terreurs du quartier me disais-je. Je poussais un petit soupir, car il était jeune, pas plus de douze ans. Je m'adressais à celui qui semblait être le chef de cette petite bande, il était aussi le plus grand du groupe.

« Les enfants, je suis envoyé ici pour comprendre pourquoi votre quartier est devenu aussi ingérable ? Expliquez-moi la situation. »

« C'est les vieux, ils nous empêchent de jouer. Il y a deux semaines, une vieille a laissé jouer son chat avec notre ballon et elle s'est marrée du haut de sa fenêtre. Alors, on a lancé des cailloux sur le chat. »

« Croyez-vous que la violence permet de régler les conflits ? »

« Bah oui, si le village est en paix c'est grâce aux Ninjas qui tuent les méchants. »

« Tu as raison d'un certain point de vue, mais la violence entraine la souffrance. Je vais vous montrer quelque chose. »

Je commençais à ôter mon plastron que je déposais sur le sol. J'enlevais mon épaulière, maintenant je déboutonnais ma veste afin qu'il voit mon torse meurtri. Certains mirent leurs mains devaient leurs yeux afin de ne plus voir le spectacle que je leur offrais. Les blessures de guerre que j'avais reçu de mes ennemis brillaient sous les rayons du soleil, ma chair était rosie par les brûlures de mes assaillants. Mon torse est le souvenir physique de ces années de dures labeurs.

« Les marques que vous voyez sont le fruit de la violence. La violence entraine la mort et la peine. Les hommes et les femmes qui se trouvent derrière ses volets fermés ont eux été un jour confronté à ces violences sur des champs de batailles. Certains ont perdu des frères, des soeurs, des amis au nom d'un principe fort : la paix. Cette paix elle n'est pas pour eux, mais pour vous. S'ils ont combattu c'est pour vous offrir ceux qu'ils n'ont jamais pu avoir, la prospérité et l'amour. Venez avec moi, les enfants il est temps de mettre un terme à cette querelle qui a suffisamment durée. »

Je reboutonnais ma chemise, ramassant ensuite mon plastron et mon épaulière. Nous allâmes dans la rue principale. J'étais le chef de cette file indienne. Je demandais aux enfants de faire du bruit afin que nos anciens ouvrent leurs portes pour faire ce qu'ils font de mieux, rabrouer. Comme je l'avais imaginé, les ainés sortirent de leur maison en poussant des grognements. Mais quand ils me virent, tous se tassèrent. Je regardais les enfants en leur faisant un signe de la tête. Tous s'excusèrent au grand étonnement de ceux qui pourraient être leurs grands-parents.

« Si nous sommes là, c'est pour mettre un terme à ce conflit trop absurde. Comme je vous l'ai dit les enfants, les gens qui se tiennent devant vous sont ceux qui ont mit en péril leurs vies pour vous offrir un monde de paix. Vous devez les respecter comme il se doit. Vous les anciens combattants, vous vous êtes battus pour justement voir des visages épanouies et heureux. Les cris de ces jeunes sont la récompense de vos actions et de celles de ceux qui sont tombés. Ne les brimez pas. Aujourd'hui, chacun doit faire des efforts pour respecter les autres... »

« Vous avez raison monsieur le Ninja, les gars on va nettoyer les volets, aller tout le monde va chercher de l'eau. »

Je fus surpris par l'intervention du jeune, il m'avait coupé dans mon élan, mais j'étais fier de lui, car il avait proposé de lui-même de réparer les erreurs qu'ils ont pu commettre. Les ainées en firent de même en proposant aux enfants de prendre l'eau chez eux. Finalement tout s'arrangea. Ma mission était terminée, ma place ici n'était plus nécessaire, l'avenir de ce quartier leur appartient et s'ils veulent que ce dernier prospère dans la joie et la bonne humeur, ils devront se respecter les uns et les autres. Je m'en allais, marchant silencieusement.