Citation :

Contexte : Le kazekage vous demande de surveiller une transaction entre les deux Daimyo des pays du feu et du vent. veuillez à ce que personne ne vienne perturber la réunion.
Objectif principal : établissez un périmètre de sécurité pendant la transaction avec l'aide des gardes du corps de ces hommes.
Objectif secondaire : ne laisser personne interférer.
Rang : C

Elle ignorait tout de ces deux mondes qui se rapprochaient dans le cadre de cette transaction, et pourtant elle avait accepté cette mission. Quelles motivations animaient la jeune femme, si ce n'était un désir inaliénable de limiter les conflits de cet univers ? Protéger deux Daimyos qui tentaient de faire affaire, était-ce un but suffisamment louable pour l'économie de son pays, ou n'était-ce là qu'un début à la fin qu'elle craignait le plus au monde, celle des plus grosses souffrances qui balafraient sa bulle, attendant inexorablement son explosion ? Elle l'ignorait, le regard vide et les pensées tournées vers autre chose que ce marchandage. A quoi allait bien pouvoir servir cet accord, à qui allait-il vraiment profiter ? La morale l'empoisonnait, au même titre que sa curiosité. Car si elle devait établir un périmètre de sécurité, arrêter à n'importe quel prix les perturbateurs, n'était-ce pas parce que cela nuirait à quelques partis ? Ou bien encore que d'autres avaient su percer la surface candide de cette coquille, révélant les viscères pestiférées d'un plan foncièrement mauvais pour la communauté, mais étonnamment lucratif pour ses commanditaires ? Nul ne le savait réellement, tous avaient concédé leur droit à la parole pour se concentrer exclusivement vers cette mission.

Mais, dans un coin de son dédale spirituel, cela la taraudait. Plus que n'importe quoi, elle désirait ardemment approcher ces hommes pour ressentir, écouter les plus infimes battements de leur cœur viciés, ce afin de déterminer si elle se battait pour une cause juste, ou ne faisait que protéger les malfrats qui causeront peines et tourments dans un futur incertain. Mais la bulle se fragilisait, se heurtant inlassablement à une amère vérité : Ce n'était pas sa place. Mais alors, où était-elle ? Où devait-elle aller et venir pour se sentir autre que l'instrument d'une avidité toute autre que ce à quoi elle aspirait ? Nul part. Elle vivait alors un monde où la souffrance, les joies et les peines se côtoyaient comme de bonnes amies. Une hypocrisie, l'essence même de la détérioration de cette humanité qu'elle chérissait, et peine parfois à chérir. Une vague illusion comique, fruit pourri d'une...

Elle se fit alors interpeller, laissant par la même occasion ses propres divagations à des temps plus sombres. L'heure n'était plus aux questions d'éthique et de morale, mais à l'action, la protection de ces individus. Car même si leurs mains n'étaient pas blanches comme neige, ils restaient des hommes et des femmes, des personnes qu'elle adorait pour les jeux de leur cœur, et haïssait pour les pensées les plus viles et inavouables qui les trahissaient. Le responsable de la sécurité lui parla brièvement de sa zone, ainsi que les éventuelles consignes à respecter en cas d'intrusion : appréhender, éventuellement tenter une négociation, mais en aucun cas laisser passer. Rien de bien compliqué en soi, mais c'est pourtant amère qu'elle hocha la tête pour montrer son accord. Alors seulement, elle se sentit dévisagée par les autres membres de l'escouade, ces mêmes qui -sans le vouloir- la ramenèrent à sa vie de kunoichi. Son regard, auparavant vide et flasque, c'était fait plus vif, plus perçant, comme si elle revenait à la vie après une longue et pénible léthargie. Seul comptait ce moment.

Lentement, elle se dirigea vers la zone à laquelle elle s'était retrouvée affectée, et commença à monter la garde. De nouveau, elle se sentait ailleurs, replongeant dans un sombre passé. Cela faisait pourtant tellement longtemps que ces cauchemars avaient cessé, pourquoi reprenaient-ils désormais ? Des formes floues dansaient devant ses yeux, des voix sorties du néant agressaient ses sens, le tout dans un capharnaüm de lumières et d'ombres, à la fois obnubilant et effroyablement réaliste. Une réalité dont elle se serait bien passée, mais qui la rattrapait inéluctablement, en dépit de ses efforts pour oublier... Elle revoyait le visage de ce blondin -dont le nom ne lui revenait plus- et ses yeux vert, si profonds et si implacables, son premier amour véritable, mais aussi le dernier voué à l'essence masculine. Quelles horreurs avait-elle put voir, sans doutes pas assez à son goût pour qu'elle embrasse la cause shinobi.

Cette même cause qui l'arrachait de nouveau de ses torpeurs les plus indéfectibles. L'acier rutilant qui mordait sa chair n'était que plus réel, et alors seulement elle se rendit compte du binôme face à elle. Une paire de shinobis masqués qui s'approchaient dangereusement d'elle, et qui respiraient la conviction la plus destructrice. Aucun doute, ils étaient là pour empêcher cette transaction, et feraient sans doutes tout pour que jamais elle n'eut lieu. Pourquoi alors se battait-elle, si ce n'était sa propre survie désormais ? A bas les problèmes de morale, les cas de conscience n'ayant lieu d'être. Seule comptait...sa survie...

Elle dégaina alors une paire de kunaïs qu'elle lança en direction de ses adversaires, ces derniers suffisamment agiles pour les éviter sans grande peine. Dans le même temps, elle avait composé des mudras et pilonnait leur position d'une multitude de projectiles de foudre, sonnant l'alerte pour que les plus proches shinobis voués à la même cause qu'elle vienne lui prêter main forte. Avec une vélocité toute particulière, les quidams lancèrent un ardu combat au corps à corps, prenant de court Amane qui tâcha de leur résister tant bien que mal. Un échange de coups qui arrachait lambeaux de chair et de vêtements, dans un ballet mortifère où l'acier avait remplacé les somptuosités dont on se délectait, et où le sang répandu préparait la piste de danse d'un vermeil vif. De toute part, les voix fusaient, stridentes et préventives, et elle tentait de les écouter, en même temps qu'elle paraît les coups les plus éreintant qu'ils armaient contre elle. C'est sans doutes cela qui lui permit de faire preuve d'assez d'ardeur pour tenir bon jusqu'à ce que les renforts parviennent.

Cependant, alors qu'elle sentait ses forces la quitter peu à peu, que la vue du sang lui devenait insupportable et que les cris diminuaient d'intensité, elle sentit un tout autre instinct que celui maternel l'envahir. Bestial, incontrôlable, destructeur. C'était une des lois de ce monde, tuer ou être tué, sans doutes la plus dure et la plus primordiale qui soit. Alors, laissant son instinct de survie profiter de ses capacités, elle écoutait paisiblement, attendant le bon moment pour...

Elle planta alors son kunaï entre les côtes de l'un d'eux, faisant stopper net les cris les plus terrifiants qui soient. Elle entendit la surprise et l'effroi s'emparer de l'esprit de l'autre énergumène, et profita alors de cet instant pour mettre fin à sa folie meurtrière dans une effusion de sang supplémentaire. L'espace d'un instant, elle revit ces images de mort, de métal mordant les chairs avec avidité, puis sombra dans les ténèbres les plus oppressantes. Inconsciemment, elle avait alors fait un choix. Le choix de donner une seconde chance à ce monde.