Sainan patientant calmement, dans l’un des longs couloirs qui formaient les galeries sous le Palais du Raikage. Il n’était jamais venu ici avant, et ne connaissait pour ainsi dire même pas l’existence d’un tel sous-terrain. On lui avait indiqué cet endroit, à six heures tapantes. Le garçon n’était pas retardataire, il n’avait jamais manqué une seule fois l’heure d’une rencontre.

Autour de lui se dessinait comme un dédale labyrinthique. Les quelques rayons de lumière qui filtraient, dans se sous-sol pour le moins lugubre, ne laissaient qu’entrevoir la profondeur des couloirs interminables. A certains croisements, des torches brûlaient et éclairaient une courte zone de façon éphémère, ses lueurs trop rapidement dévorées par les ombres ambiantes. Etrange endroit en somme pour sceller un rendez-vous.

Au loin, sans qu’on puisse cerner une quelconque silhouette, des pas approchèrent lentement. Les bruits s’avançaient vers Sainan. Chacun des claquements des bottes de cet inconnu en chemin résonnait avec fracas dans ce lieu sombre, et le cliquetis de quelques chaînes achevait de rendre l’attente assez inquiétante. Le Chuunin ne s’était pourtant pas trompé, il était certain que c’était ici qu’il avait été sommé d’être.

Une forme se dessina petit à petit, un individu masqué, arborant sur son deuxième visage le symbole de Kumo, s’arrêta net, et sembla observer un instant le jeune homme, sans dire un mot. Puis, dans un léger mouvement de tête, il entreprit de parler, sa voix étant alors étouffée et assombrie derrière son masque.

[Oi-nin] « Kami Sainan. Tu ressembles à ce que l’on m’a décrit, et tu es à l’heure. Ce ne peut donc être que toi. Sache que tu n’auras pas à parler, simplement à m’écouter. Fais silence et laisse-moi t’expliquer la vie à laquelle tu aspires. »

L’Oi-nin marqua une courte pause.

[Oi-nin] « Nous sommes les Oi-nin de Kumo, ceux que tu as demandé à rejoindre lors de ton récent passage au rang Chuunin. Nous avons fait serment de traquer les traîtres au Village aussi loin qu’il le faudra, et au sacrifice de notre existence si telle en est la condition. Notre vie est solitaire et ne permet pas d’attache. Nous avons souhaité être, et sommes des machines à tuer, en âme et conscience. »

Il s’avança un peu, réduisant l’écart entre lui et Sainan.

[Oi-nin] « Tu dois être prêt à vivre seul. Tu dois accepter d’être le témoin privilégié de la mort, en toutes circonstances, que ce soit la tienne ou peut-être celle d’un ami d’enfance qui trahira le Village. Tu dois accepter de perdre à jamais ton identité, et d’être déclaré comme officiellement mort pour que ton nom soit protégé. Tu dois enfin être le premier rempart au Raikage le jour où le Kinkaku tombera. Nous sommes l’ombre du Kage, sa confiance en nous est infaillible car nous mettons notre vie en jeu pour lui à chaque instant, et que de là dépend nos réussites. Telle est la vie de l’Oi-nin. Elle n’apporte qu’une gloire éphémère, et le bonheur d’avoir protégé les tiens, tout en sachant qu’ils ne sauront jamais que c’est toi qui leur a sauvé la vie. »

Puis, l’homme fit lentement volte-face, et repartit en direction des ombres du couloir.

[Oi-nin] « J’ai observé tes yeux, et scruté ton âme. Tu n’as pas eu peur de mes mots, et n’a pas tremblé. Si ce que tu sais maintenant ne bride pas ta foi de nous rejoindre, le Raikage t’attend au sommet du Palais. Peut-être nous reverrons-nous, Sainan. »

Et le silence reprit ses droits, comme si tout n’avait été qu’un long rêve.