Ripples form on the water's surface
The wandering soul knows no rest...



A quoi pouvait bien ressembler cette vie après la mort ? Cette question persistait dans l'esprit de nombre de gens, mais qui donc pouvait apporter une réponse à cette interrogation existentielle ? Cette agonie profonde méritait-elle l'importance qu'on lui accordait, alors qu'elle était sans doutes un préparatif au néant qui lui succédait ? Des ténèbres oppressantes, où les murmures percent tels des lames de fond ces enfers de solitude et de froid... Nul ne saurait apporter la réponse à pareille philosophie, et à quoi bon alors se concentrer sur la mort, si la vie seule n'était pas prise au sérieux. Mise de côté, nous ne faisions qu'accentuer son étiolement. Si fragile, si éphémère, mais pourtant tellement belle...

Perdue dans ses pensées, elle avançait, quelques voix s'élevant de son cœur et portant à ses longues oreilles des chuchotements d'incertitudes et de peur. Une peur viscérale de la mort, cette même amie qu'elle côtoierait sans doutes aucun dans un futur plus ou moins proche, un jour qui marquera le trépas de sa faible humanité. Mais que pouvait-elle donc faire face à tout cela, cette fatalité intarissable et ce destin maudit qui la hantait depuis ses premiers pas sur ce monde ? Ces forces qui la surpassaient de loin et qui ne semblait aucunement vouloir lui accorder le moindre répit. En quoi se voyait-elle alors différente des autres ? Chacun était destiné à passer le Styx, seules les circonstances différaient. Dire qu'elle aspirait à une mort rapide et sans souffrances n'était que pure rêverie, une chimère inatteignable sans une chance insolente et un avenir clément. Malheureusement, Amane n'avait jamais vécu sous une bonne étoile, et avait appris à faire avec, la mine désabusée et le cœur lourd de chagrin.

L'automne semblait frapper aux portes des maisons shinobi. Ignorant depuis combien de temps elle errait dans les méandres de son esprit, elle s'était retrouvée dans un bosquet arborant les couleurs d'or et d'orange habituelles. Lentement, même la nature se mourrait, prête à entamer un énième cycle de renaissance après une saison vide de tout. Les nombreuses feuilles mortes jonchaient son chemin, mais elle avançait toujours, prête à faire face à n'importe qui saurait lui barrer la route. En ce sens, sa volonté restait inaltérée et inaltérable. Car elle désirait ardemment vivre, profiter de cette vie et continuellement tourner le dos au spectre de la faucheuse. A ceci près qu'il fallait redoubler de vigilance pour ne pas se faire suriner par les lames pernicieuses d'une femme à l'envie d'âme exacerbée.

Alors, il se présenta à elle. Et dès lors, elle comprit qu'il n'était que l'envoyé de la mort. Réprimant quelques larmes de peur, elle se mit en position clairement défensive alors que les murmures lui hurlaient des choses inaudibles. Peu à peu, ils disparurent, masqués par les battements d'un cœur déchaîné sous l'adrénaline. Tant pis pour elle, tant pis pour lui. Plus rien n'avait désormais d'importance, si ce n'est qu'elle devait survivre, à n'importe quel prix. La vie qu'elle chérissait tant ne pouvait pas à son idée se terminer ainsi, quitte à s'entacher du sang d'un inconnu. Elle ne nota que son air quelque peu enfantin et ses cheveux d'un blanc immaculé. Son visage s'imbriqua dans sa mémoire, comme pour la hanter si elle venait à le terrasser. Car si la vie restait précieuse à ses yeux, la sienne restait sa priorité. Comment faire des compromis face à la déesse noire, si ce n'est en lui offrant une âme à guider en guise de pardon ?

Ainsi, les choses ne pourraient partir autrement, ne ? Alors soit. Cet amok face à elle n'était alors plus lui-même, en proie à des forces qui le dépassait de loin. Mais qu'importe, il ne semblait plus rien lui murmurer, aussi elle en conclut que la folie s'emparait doucement de son âme, et que le libérer semblait être la meilleure solution pour lui. Un choix difficile, mais un choix nécessaire. Qui sait combien de vies pouvait-il arracher à leur propriétaire si personne ne se décidait à stopper sa démence dans les plus brefs délais ? Sans nul doutes une multitude, un amoncellement cadavérique à en dresser l'échine d'un aveugle devant pareil spectacle. Et alors, dans sa grande mansuétude, il accorderait une mort lente, une géhenne malsaine et un flot de désespoir à quiconque se dresserait sur son chemin. Était-ce alors le destin qui toisait la jeune femme ?

Nul doutes que de toute évidence, elle n'avait plus le choix désormais. Dégainant un kunaï, elle fut saisie d'effroi lorsqu'elle vit l'individu sortir d'un air si naturel son propre tibia, allant le manipuler comme un katana de grande ampleur. Ne ressentait-il pas la douleur que cela pouvait provoquer, où était-il un membre de ces contrées lointaines connues pour abriter quelques shinobis aux talents particuliers ? Et dire qu'elle ne disposait de rien qui puisse prétendre rivaliser avec un tel kekkai genkai, comment pourrait-elle alors faire preuve d'un minimum de résistance face à ce monstre ? Lentement, elle commença à respirer cet air frais qui la ramena à la réalité. Il y avait toujours une solution au problème qui se posait face à elle. Il suffisait de faire preuve d'un sang-froid exemplaire, et d'un minimum d'intelligence dans l'affrontement. Deux qualités qui lui faisaient malheureusement défaut dans certains circonstances.

Lentement, elle se mit à se décaler vers la gauche, gardant toujours un œil sur son adversaire. Parce qu'elle ignorait tout de ses capacités, elle se devait d'être prudente, afin de mieux le jauger. Ainsi, elle lança son kunaï dans sa direction, composant quelques mudras pour faire apparaître quatre clones. Tous se dispersèrent alors, tentant de semer le trouble chez l'adversaire. Peut être qu'elle n'était pas faite pour les combats les plus ardus, mais au moins elle savait garder ses distances. Et elle savait le faire très bien, à moins bien sûr que son adversaire n'excellait également dans ce domaine. Auquel cas, chaque avantage qu'elle penserait avoir sur lui serait autant de faiblesse qu'il pourrait exploiter. Et à voir cette folie animer son regard, il n'utiliserait pas ses failles dans le simple but de s'approcher d'elle ou encore de la passer. Non, c'était un dessein plus sombre qui l'attendait...

« Je ne voulais pas, mais cette misère qui parcourt ton corps va m'y forcer... »

Les voix c'étaient faites unanimes, jaillissant de toute part....

Si proche, et pourtant cette lointaine. Une douce mélodie d'un âge révolu, le timide murmure d'une paix retrouvée entre le corps et l'esprit de chacun. Unanimement s'élevèrent alors les les voûtes du firmament, baignant de leur lueur resplendissante cette terre meurtrie par le fléau de la guerre. Le combat, lui, resterait éternel, et subira maints purgatoires avant de faire preuve d'asthénie. Cet affaiblissement offrira alors aux peuples une période de répit, durant laquelle les escarmouches se multiplieraient, toutes plus fourbes et vicieuses les unes que les autres. C'était dans la nature de l'humain. Foncièrement mauvais, il ne pouvait se contenter de ce qu'il possédait déjà, convoitant toujours plus. Une profonde alchimie des plus néfastes et ténébreuses envies, altérant un esprit pourtant riche pour le rendre aliéné à souhait, marqué au fer rouge par sa morgue et ses principes soi-disant bienfaisants. Et pour toute récompense, il se retrouvait comme cet ennemi, cette victime de la folie de son peuple. Un animal blessé dans son amour propre et ostensiblement hostile. Pauvre bête, si fragile et pourtant si féroce... Un déchaînement de folie et de miasme sur sa pauvre personne qui n'en valait sûrement pas la peine. Pourquoi fallait-il qu'elle tombe uniquement sur des créatures tombées bien bas dans l'estime de leur créateur ?

Le Kaguya s'était élancé en direction de son adversaire, prêt à la lacérer de son arme providentielle. L'espace d'un instant, elle se permit même de se demander quel effet cela pouvait bien faire de s'arracher son propre os sans broncher. La douleur était-elle lancinante au possible ou la douleur était-elle inhibée par quelques subterfuges liés à cette capacité aussi morbide que malsaine. Alors qu'une multitude d'Amane profitait du fait que l'adversaire ne se concentre que sur l'une d'entre elle pour lui fondre dessus, celle attaquée se contenta de faire un léger saut en arrière, pointant son doigt en direction de l'aliéné. Cependant, elle n'eut pas le temps de lancer sa technique, assaillie par une chute de coups portés à son encontre. Après quelques impacts et autant de gémissements lâchés, elle disparut dans un nuage de fumée.

Dans le même moment, l'originale pointait son doigt en direction du manipulateur de ses os, exploitant tant bien que mal sa faiblesse apparente. Une paire de boules de foudre jaillirent alors de son index, propulsées en direction du Kaguya avec la ferme intention de lui infliger quelques dégâts. Mais plus que le blesser, Amane désirait avant tout jauger son adversaire. Etait-il capable de dévier une attaque venant de dos ? Etait-il doté d'un don surnaturel lui conférant un troisième organe visuel capable de deviner les moindres mouvements de son adversaire ? Peu importe la situation, elle devait faire preuve d'une prudence extrême, sans quoi ses petits avantages ne parviendraient pas à venir à bout d'un adversaire supérieur sur le plan physique.

Ignorant si elle avait mouche lors de son attaque, elle partit se dissimuler derrière un arbre, préparant sa prochaine attaque. Lentement, elle caressa l'écorce rugueuse du feuillu lui offrant sa protection l'espace de quelques instants. Comment pourrait-elle parvenir à battre un ennemi aussi machiavélique...? Alors, elle composa une série de mudras, prête à quelques sacrifices...

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