Sujet: Re: [mission D] "je décide qui doit vivre ou mourir" Mar 24 Juil - 0:50
Toujours le même rituel, la même disciple, le changement n'a pas que du bon et la continuité non plus certes, elle sert à nous rassurer, autant que le premier nous sort de l'ordinaire et sait nous faire peur. Depuis combien de temps vivait-elle ici, quatre ans, deux mois, treize jours et un début de matinée, voilà depuis combien de temps elle attendait le retour providentiel de celle qui l'avait amené ici, sans succès, mais au fond d'elle, elle l'espérait, sachant pertinemment que cela n'arriverait jamais. Où es-tu maudite diablesse?
Etat d’alerte ce matin, un bâtiment s’était effondré, un immeuble habité, des civils dormaient encore au petit matin, tout joyeux la veille qui sait, peut-être même avec des projets aujourd'hui ou dans l'avenir, était-ce possible qu'un seul d'entre eux ne manque à personne, Diao se le demandait. Il faut dire que face à elle, certain agissaient machinalement, l’accident s’était produit, il n'y avait plus rien à faire mise à part constater. La cause, une simple roche, morceau de notre terre mère, surgit des cieux en châtiment divin, un retour, une punition, un simple hasard, non Diao-chan ne croyait pas à ce dernier, pour elle tout était acte du destin, retour de nos fautes, dépendant de notre karma, évaluer par nos actions. C’est ainsi pour elle que toutes choses étaient régi, que tous étaient soumis à ces lois, le moindre être de cet univers, nul n’avait plus de droit que l’autre, tous étant de la même essence au final, celle de la vie.
Aussi, une part d’elle-même ne plaignait pas la tragédie, de toute façon, ça n’y changer rien, peu de chance qu’il est des survivants, alors, Diao-chan se contenta de couper l’accès à la zone, plaçant les piquets de sécurité, tirant les banderoles rouges et blanches, cela éviterait des morts inutiles cette fois. La kunoichi posait les panneaux d’avertissements de danger, puis suivait les secours à travers les décombres, ils trouvaient quelque personne encore en vie, par choix, Diao elle préféra ceux encore valide capable de se déplacer d’eux même, le toit pouvait s’effondrer à tout moment. Un jeu du « je décide qui doit vivre ou mourir », rôle accordé aux dieux d’ordinaire ou aux fous se prenant pour tels, au-dessus des lois et parfois comme là, il était du ressort des mortels insignifiants. Ce jour-là, seuls trois âmes étaient sauvées de la faucheuse, sur les dix victimes évacuées, son choix avait été le plus cruel mais aussi le plus payant, c’est elle qui aujourd’hui avait su conservé le plus de vies. Moralité, il fallait savoir perdre pour gagner parfois, abandonner les mœurs, ne plus faire les choses comme il faut, mais les faire comme elles seraient le mieux, quitte à se prendre pour dieu…
Un voile blanc sur chacun d’entre eux, le chant d’une prière raisonnait, doux comme une berceuse, celle qui conduisait les disparus dans leur derniers moments pour les apaiser, les guider et leur rendre hommage. Le raisonnement de ses clochettes retenti et ses voiles joignaient à nouveau le vent ce soir-là, elle priait pour ceux qui avaient perdu la vie, ceux qui n’avaient pas pu être sauvé, priant aussi le pardon de ceux qu’elle avait décidé d’abandonner malgré la main qui lui avait tendu. Faiblesse de l’humain, la culpabilité, compensée par leur faculté de se convaincre que certaines actions pouvaient tout pardonner, comme les prières.
Le jour s’était levé tristement, il avait disparu tout aussi mélancoliquement et demain il accompagnerait le deuil des kumohajins perdus, le cycle de la vie.