Le réveil se met à hurler accompagné de bruits parasites en tout genre, je suis encore plongé dans une belle vision onirique d'une femme aux contours plantureux lorsque je me retrouve nez à nez avec ce mécanisme en fer rouillé qui ne demande qu'à être arrêter. BAM, le voilà servi, les connexions de mon cerveau s'activent afin de me faire reprendre conscience de la pièce dans laquelle je me trouve, devant moi se trouve ce fameux mur où est peint le symbole de notre clan. Respectueusement, je l'observe avec parcimonie avant d'enfiler une tenue décente, la mine mauvaise, je m'observe dans le miroir brisé trônant dans la salle de bains avant de plonger ma tête dans le lavabo et faire couler le long de mon échine ce doux liquide aquatique qui s'avère finalement brulant.

"Mitigeur de merde bloqué sur l'eau chaude."

Je ne peux m'empêcher de frotter ardemment ma chevelure avec un quelconque espoir d'apaisement de la brulure mais rien n'y fait, résultat : J'arpente le logis avec ma main droite sur la nuque et l'autre affairé à préparer mon paquetage. Un bref coup d’œil sur la lucarne me faisant face et j'observe avec véhémence que la mi-journée s'est déjà déroulée en mon absence, l'astre solaire brille fort et seuls quelques irréductibles cumulonimbus parsèment la voute céleste, rien de bien méchant en somme. Un instant... C'est quoi ce papier sur la table ? "Ordre de mission"... Me frappant le front, je me remémore de la veille et de ma demande pressante d'une mission à effectuer à la tour de l'Hokage, je me rappelle d'ailleurs avoir rechigner en lisant le descriptif mais je n'avais guère le choix, j'étais Genin et cela allait être ma toute première tâche que l'on me demandait d’exécuter. A mieux y réfléchir je ressentais soudainement une sensation étrange, un engourdissement dans mes jambes, une excitation, oui c'était le terme.

Le clan avait beau m'avoir formé à l'art du combat, de l'infiltration et de l'assassinat, j'étais assez impatient d'en découdre avec une mission officielle demandé par l'Hokage en personne qui était un autre membre du clan, un sentiment de fierté supplémentaire me gagna, je me mis à espérer devenir quelqu'un d'aussi réputé et redoutable que lui.

Citation :

Entre mes aspirations et mes questionnements, je m'enquiers de nouveau de l'objectif de ma mission et relis de nouveau l'intitulé : Pour votre mission, l'Hokage souhaite que vous vous rendiez à l'académie faire une démonstration de ce que vous savez faire. Étant un Cho, autant vous dire qu'il ne faut pas plaisanter. L'image que vous donnerez aux apprentis ninjas reflétera celle de votre clan.

Oui, vraiment, je me sentais preux et fier de pouvoir du haut de mes dix-sept ans diffuser un peu plus l'image des Cho même si ce ne sont que de simples académiciens, il relève d'une génération bourgeonnante qui, d'ici quelques années explosera et ces maigres souvenirs resteront gravés en eux. Un dernier œil sur la peinture du clan et je ferme la porte d'entrée en vérifiant une dernière fois que mon ossature est bien mise en place sur ma mâchoire. Mon allure est assez prononcée et je prends soin de ne pas être au centre de l'attention en longeant les murs et en empruntant les ruelles du village me menant jusqu'à l'école. Sur le chemin, je suis assez médusé de voir à quel point cette populace fait preuve de bruits assourdissants entre les portes s'ouvrant à la volée mais aussi ces marchands ambulants vantant les mérites de produits provenant de l'Extrême-Orient, toutes les classes sociales se mêlent et on peut assister à un véritable mélange des cultures, de fiers soldats précèdent des délégations de riches hommes d'affaires quand dans un coin se trouve bon nombre d'enfants apprenant le go aux côtés du doyen du village. Je n'ai aucun jugement à porter sur leurs personnes, ils m'apparaissent simplement comme des individus à part entière et je m'enfuis de cette cacophonie pour retrouver cet endroit familier où j'ai appris les bases de l'art shinobi, la vision d'une ancienne salle de cours parvient même à 'arracher un léger rictus, le temps d'être nostalgique que mes "spectateurs" sont tous situés dans une salle annexe où un vacarme fait rage... Un bruit sourd retentit, je me mets en action et apparaît théâtralement en me tenant debout, les bras croisées, à la manière d'un instructeur ninja. Ce qui pourrait être jouissif dans un service de la sorte est de savourer la frayeur et la peur se marquer graduellement sur leur visage lorsque ces derniers remarquent tout d'abord mon gabarit, ma musculature, cet accessoire atypique mais ce n'est pas là que leur peur atteint le paroxysme, c'est très certainement après avoir croiser mon regard aux reflets bleutés et cette expression grave.

La tension monte, on entend de petits questionnements dans les rangs sur ma personne et ce que je suis venu faire ici. Aucune réponse de ma part, je les laisse dans le doute avant de m'élancer dans une petite élocution.

"Je me prénomme Taka, je suis membre du Clan Cho et je suis un Chônin ayant pris le temps entre deux missions de m'occuper de vous pour vous rétablir dans le droit chemin et vous montrez qu'être un ninja n'est pas un loisir, un hobby c'est quelque chose de plus grand, vous êtes la génération future de ce village, celle qui la protégera des menaces extérieurs, dis-moi petit,aimerais-tu savoir de quoi est capable un chônin ? Oui ? Non ? T'as pas le choix, je suis là pour ça et pas pour boire le café et parler du beau temps."

Oui j'ai menti mais je n'avais guère l'envie qu'il ne me voit comme un bas gradé et que ces derniers se désunissent à la moindre occasion et que cette mission ne se transforme en baby-sitting. Je me mis à enchaîner plusieurs combos de Taijutsu en exécutant le Konoha Senpuu suivi directement de Konoha Repuu, j’expliquai avec le plus de pédagogie possible qu'il était très important pour des personnes ayant des affinités avec le Taijutsu de s'entraîner sans cesse à travailler son endurance, sa vitesse d'exécution mais aussi sa force pour pouvoir faire des dégâts importants à l'adversaire. Certains ricanèrent dans l'arrière-salle à l’exécution de mouvements dans le vide, j'avais déjà repéré les deux fauteurs de troubles et m'amusa à les faire venir sur l'estrade où ces derniers seraient aux yeux de tous plutôt que d'être camouflés derrière d'autres académiciens. L'allure désinvolte, les deux semblaient être des copies parfaites, sûrement des jumeaux et je m'amusa a toucher avec mon index différents endroits de leur corps avant de m'arrêter brusquement en pointant mon doigt sur chacun de mes auditeurs.

"Voyez-vous, ce que je viens de faire, ce n'est pour les draguer ou encore toucher un enfant qui m'est inconnu mais plutôt pour vous montrer des zones sensibles chez l'homme, les membres de mon clan sont expérimentés dans le combat mais aussi les techniques de combat silencieuses et meurtrières, avec le doigt je peux vous mettre hors d'état de nuire pour quelques heures en portant un coup précis à la glotte, alors plutôt que de vous moquez, jeune ignorants vous feriez mieux de vous entraînez, vous m'avez l'air de rebuts de la société à votre apparence à la con, et toi, ne t'avise plus de m'interrompre lorsque je parle ou je m'occuperais ton joli minois personnellement. T'imprimes ?"

Je n'avais pas forcément adopter un ton cassant ou méchant, je gardais ma ligne de conduite : être impassible dans toutes les circonstances. Mais je pense que le fait de rester calme tout en débitant de telles choses les marqua quelques peu, ils ne s’attendaient pas à ce qu'un "Chônin" se pointe et leur montre les points vitaux tout en faisant une propagande de son clan, ma démarche n'était peut-être pas la meilleure mais les frères Bogdanov semblaient refroidis, il n'étaient guère plus attentifs mais ils ne dérangeaient en rien la suite de mon intervention. Je décidai dernièrement de leur montrer comme un Cho pouvait être discret, je jeta un shuriken à l'opposé de ma position que tous suivirent du regard avant de me dérober à leur vision et me placer avec habileté dans le fond de la pièce, invisible à leurs yeux d'académiciens. Mon tour de passe-passe eût son effet et la ruse fonctionna une bonne minute avant que l'un des élèves me repèrent en m'affublant du surnom de "Sensei". J'observai un moment de ce silence à l'évocation d'un titre aussi honorifique que celui de maître puis je pris la parole une dernière fois.

"Moi sensei ? Tu veux rire, en réalité, je ne suis qu'un simple Genin mais voyez comme il est facile de tromper les gens, méfiez-vous toujours des apparences, des faux-semblants, faites preuve discernement dans votre future carrière de shinobi, cela pourrait vous servir, vraiment. J'espère que ma courte intervention vous aura donner un peu plus envie de vous concentrez en cours mais aussi en dehors et d'apporter plus d'attention à votre formation, je vous souhaite une bonne continuation et sait-on jamais peut-être qu'un jour vous sentirez le vent se glisser autour de vous mais ça ne sera que moi, aussi mobile et vivace que la mort..."

Je ne sais guère pourquoi j'avais pris une tournure obscure et sordide pour mes adieux à ces petits apprentis mais j'en avais eu le désir et je n'avais pu le réprimer. Cette mission n'avait rien de passionnant et finalement, c'était bien plus facile que ce que je ne m'imaginais et me fantasmer.