[Mission D] Porter secours au Habitants !

Assise en tailleur, seule, sous un arbre, Mugon’ fixait le petit court d’eau zigzaguant parmi la végétation. L’ombre que procurait le tronc lui apportait un élan de fraîcheur, tandis que les chants des oiseaux poussaient à la méditation. Elle se sentait si bien, ici, à l’écart du peuple de Konoha … Le bruit incessant des marchés jonchant le village, de long en large et en travers ; Les constantes querelles entre commerçants qui germaient un peu partout à chaque seconde, et les hurlements qui s’en suivaient généralement. Mais dans ce petit coin charmant, elle était à l’abri de tous ces problèmes.

Mugon’ ferma ses paupières, puis s’allongea dans l’herbe encore humide par la rosée du matin. Elle n’allait pas tarder à prendre un aller pour le pays des rêves, quand soudain un homme apparut devant elle. Il la saisit par les côtes et la secoua afin de la ramener à elle. Il était en sueur, la mine affreuse. Ses membres tremblaient. Mais que pouvait-il bien se passer ?
Ce ninja était probablement Chuunin, à en juger par son apparence. Il était plus ou moins jeune, mais son corps n’était pas assez développé pour appartenir aux troupes d’élites. Après avoir repris son souffle, le jeune homme s’exclama à vive voix :

« Un incendie s’est déclaré dans l’enceinte du village. Les sauveteurs sont parvenus à le maîtriser, mais il est encore instable. Ils ne parviennent pas à déterminer si des habitants se trouvent encore parmi les décombres. L’Hokage-Sama a exigé du renfort afin d’éviter le maximum de morts. Malheureusement, la majorité des ninjas sont en mission, à l’extérieur. Mais par miracle je t’ai trouvé ! Essaie de te trouver dans des lieux faciles à repérer, pour que nous n’ayons pas besoin de te rechercher trop longtemps, car dans ces cas comme celui-ci nous, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre une seule seconde ! »

Mugon’, terriblement confuse, hocha lentement la tête, en signe de oui. Elle savait qu’elle devait toujours être prête à tout, mais quelques moments d’évasion ne font de mal à personne …
Sur ces moments, le Chuunin reprit sa course affolée, très certainement parti dans le but de compléter le groupe de sauveteurs. La jeune Kunoichi, quelque peu désorientée, n’eut pas trop de mal à trouver le foyer des flammes, tellement l’odeur était forte. Aujourd’hui, pas besoin de rendre visite au Kage, il fallait agir maintenant, ou des villageois perdraient la vie inutilement, et dans d’atroces souffrances.

Arrivée sur les lieux, Mugon’ pouvait apercevoir d’innombrables sauveteurs –et de ninjas- faire des allers-retours de droite à gauche, portant des seaux d’eau remplis à ras bord qui se vidaient petit à petit en fonction des mouvements produits. Certains shinobis usaient même de leurs techniques Suiton afin d’éteindre les flammes plus rapidement. La jeune Kunoichi, elle, ne possédait aucunes connaissances en cet élément. Elle qui ne savait manier que l’Iroujustu. En tout cas, elle ne serait certainement pas mise de côté avec ce don. Elle pourrait peut-être sauver des vies, qui sait ?

Trois maisons avaient pris feu, dont une totalement calcinée qui ne pourrait plus servir d’habitation. Les deux autres étaient dévorées pas le feu de manière ne pouvoir laisser pénétrer les sauveteurs à l’intérieur. Il fallait entrer, soit par le toit, soit par l’arrière. Malheureusement, aucunes personnes ne possédaient un gabarit suffisamment fin pour passer dans la ruelle très étroite menant derrière. Avant que Mugon’ n’arrive, tout au moins.

Un homme saisit le bras de la jeune Gennin et l’emmena devant ce fameux passage.

« Tu vois ce passage ? Il est bien trop petit pour nous laisser passer. Tu dois y aller, tu es la seule capable d’une telle chose ! Je t’en supplie ! Ma femme a été évacuée, mais pas ma fille ! Tu entends ?! Ma fille est à l’intérieur, alors je t’en prie, va la sauver, tu auras une récompense ! » gémit-il, les larmes aux yeux. Sa voix trahissait son immense inquiétude.

Face à ce spectacle, Mugon’ n’eut d’autres choix que d’accepter sa requête. Elle ne voulait cependant pas être au centre de l’attention, trop timide. Mais laisse mourir un enfant qui a toute sa vie devant lui pour une simple timidité ? Jamais ! Elle s’élança à vive allure dans la ruelle, esquiva les poubelles et autres déchets bloquant le passage. La chaleur était si intense que la Kunoichi crut s’évanouir. Elle se força à ne pas sombrer. Elle tenait la vie d’une fillette entre ses mains !

Parvenue derrière, l’on pouvait apercevoir très nettement d’où étaient parties les flammes. Était-ce un incendie volontaire ? Mugon’ ne s’attarda pas plus longtemps sur ce sujet et regarda la façade de la maison afin d’élaborer une technique pour y grimper sans se blesser. Le feu occupait la base de la maison, impossible donc de rentrer par la porte. Identique pour le toit. Comment allait-elle faire … Soudain, une idée brillante germa dans son esprit : un arbre très légèrement brûlé pouvait lui permettre de rentrer par l’une des fenêtres. Aussitôt, la Gennin ferma les yeux et malaxa son chakra. Elle se concentra et envoya toute sa puissance dans ses pieds. Elle rouvrit les yeux et, totalement confiante, se rua sur le tronc. Elle courrait à une vitesse folle et parvint bien à la branche la plus solide. Elle s’était éraflée le visage et avait reçu des cendres sur les globes oculaires. Elle pleurait involontairement, ses larmes virant au noir lorsqu’elles coulaient le long de ses joues. Désormais, il fallait être vigilante, et ne pas poser le pied n’importe où. Les bras de l’arbre avaient été fragilisés. Mugon’ analysa d’abord les branches capables de supporter son poids et entama sa traversée. Elle avançait prudemment, afin de ne pas tomber. Rien que la pensée d’une petite fille capturée par les flammes lui redonnait espoir en elle. Soudain, elle entendit un craquement sec, et, sans réfléchir, elle bondit en tout sens avant de parvenir, comme par magie, sur le rebord d’une fenêtre.

Elle se posa quelques secondes, histoire de se remettre de ce qu’elle venait de vivre : une grosse frayeur. Enfin, elle allait pouvoir sauver la fillette. Mugon’ se retourna et fit face à la vitre. Impossible d’entrer sans la casser ; Elle déchira une des parties de sa veste et y introduisit son poing. Elle frappa ensuite de toute ses forces et brisa la fenêtre en milles morceaux. Elle se coupa très légèrement le dos de la main, mais ignora la douleur. A l’intérieur, l’on pouvait très distinctement entendre des cris de détresse parmi le crépitement des flammes. La Kunoichi était entrée par la chambre parentale. Des photos brûlaient, ainsi que des meubles. Un drôle de bruit attira l’attention de la ninja qui s’empressa d’identifier la source : c’était un chaton, pris au piège parmi les flammes, désespérément apeuré. Mugon’ l’attrapa et l’emmena avec elle. Après tout, lui aussi était un être vivant. L’animal se blottit dans une des gigantesques poches de la Gennin. Il était transi de peur, pauvre petite bête … Elle parvint enfin à la cage d’escalier. En face d’elle devait très probablement se trouver la chambre de la fillette. Elle tenta de tourner la poignet, sans effet. Elle recula, puis donna un fabuleux coup de pied qui ouvrit la porte sans problème, la fissurant à plusieurs endroits. Mugon’ fut surprise de se rendre compte qu’il n’y avait personne. Elle fouilla alors la pièce de fond en comble. Elle devait être ici ! Soudain, elle se détourna du lit et ouvrit le placard. La fillette y était bel et bien.

Malheureusement, la fumée provoquée par l’incendie lui avait terriblement abîmé l’appareil respiratoire, et elle avait perdu connaissance. Elle toussait pendant son sommeil. Mugon’, n’étant pas très réputée pour sa musculature, la prit tout de même dans ses bras. Elle regagna la fenêtre cassée auparavant. Mais elle n’avait pas pensé à la manière dont elle allait pouvoir descendre la petite fille. La Kunoichi la déposa sur le petit balcon, afin qu’elle puisse respirer de l’air plus pur. Elle ôta sa veste et attrapa une corde qui traînait dans la penderie des parents. Elle allongea la fillette dans son vêtement, qu’elle entoura ensuite de la corde. Elle bondit de façon spectaculaire et descendit la victime des flammes en rappel. Ouf, elle était saine et sauve, mais pour combien de temps encore … ?

Mugon’ la saisit et repassa par l’étroite ruelle qui avait causé tant de problèmes. A son arrivée, personne ne la remarqua. Ce ne fut seulement qu’après que l’homme l’ait rejoint et hurlé de joie que tous se tournèrent face à elle. Ils applaudirent tous quelques instants, puis repartirent aider les autres, très occupés. La Gennin posa l’enfant à terre et débuta les premiers soins. Elle malaxa son chakra puis pensa avec le plus de conviction possible :

« Kaiseki Ken'shin no Jutsu (Technique d'analyse médicale) »

Aussitôt, Mugon’ eut une vision différente. Elle pouvait observer l’intérieur du corps de la fillette sans l’ouvrir. Comme elle avait songé, son appareil respiratoire avait été endommagé par la fumée toxique de l’incendie. Sa trachée ainsi que son poumon gauche étaient irrités. Elle se concentra de nouveau puis exécuta sa seule technique de soin –pour l’instant- :

« Iroujutsu - Chiyute no Jutsu »

Des boules de chakra vertes enveloppèrent ses mains. Mugon’ les apposa sur la cage thoracique de la petite. Elle sentit sa respiration reprendre un rythme normal, et son cœur battre plus lentement. Lorsqu’elle eut fini ses soins, elle n’eut pas besoin de parler pour faire comprendre au père que sa fille était désormais hors de danger. Il enlaça alors la Kunoichi, mal à l’aise. Soudain, le petit chaton quitta la poche de la veste, et vint laper le visage de Mugon’, tout en ronronnant.

Elle termina sa mission en soignant les autres blessés. La mission était un véritable succès : aucuns morts, l’incendie stoppé. La ninja ne manqua cependant pas à informer les autorités des marques suspectes dans le jardin. Peut-être allaient-ils déterminer le criminel ayant fait ça ?