De retour chez le Kazekage après ma première mission, conclue comme il le fallait par un succès. Je voulais continuer sur ma – courte – lancée. Cette fois on m’assignait quelque chose d’un peu plus sérieux, je vais devoir patrouiller dans le village pendant toute la nuit. Pour la première fois, j’avais en quelque sorte le destin du village entre mes mains, et tous les habitants de Suna pouvaient compter sur moi pour empêcher quoi que ce soit d’arriver. On m’avait fourni en plus de l’ordre de mission une carte avec un parcours prédéfini que je devais accomplir tout au long de la nuit. De plus étaient encerclées en rouge les zones dites « chaudes », c’est-à-dire les deux trois bars que la ville comptait, et d’où les adultes pouvaient ressortir assez mal en point en fin de soirée… Pour tenir pendant tout le temps qu’il faudrait ce soir, j’avais fait une petite sieste et m’étais bourré de thé – je ne supporte pas encore la caféine...
Bien, le soleil se couchait enfin sur Suna, et la température commençait à chuter. Maman m’avait obligé de mettre un pull avant de sortir. Déjà qu’elle n’aimait pas l’idée de me voir me balader si tard dans le village, elle ne voulait pas que j’attrape du mal en prime. Mon itinéraire partait de l’académie, et je devais suivre une grande artère pendant au moins cinq cents mètres avant de bifurquer vers l’hôpital. Même s’il faisait nuit, la rue était encore assez peuplée, les gens sortant pour profiter de la fraicheur du soir, toujours agréable après une dure journée de labeur. J’avançais lentement, pas besoin de me précipiter, j’avais toute la nuit devant moi. A un moment, j’entendis une voix m’appeler :

- Hé ! Mon grand ! Viens un peu par là s’il te plait ! J’aurais besoin de ton aide…

C’était une femme, enceinte. Elle avait les bras chargés de courses, et elle avait besoin de les monter jusqu’à son appartement, situé au deuxième étage d’un immeuble. Ok, ce n’est pas vraiment ma mission, mais de toutes façons qu’est-ce qu’il pourrait bien se passer à cette heure-ci ? J’acceptai en lui souriant. Elle monta devant moi, montant déjà les escaliers avec peine, puis m’ouvrit la porte pour que je puisse déposer les sacs dans la cuisine. Elle me remercia, et voulu me glisser un petit billet en gage de récompense, mais, en bon Shinobi que je suis, je refusai.

« Gardez votre argent madame. Je n’en ai pas besoin, je n’ai fait que mon devoir de Shinobi ! C’est déjà une récompense en soi. »

Lorsque je redescendis dans la rue, il y régnait la même atmosphère paisible que quand je l’avais quittée. Et cela dura pendant encore une heure. Je déambulais tranquillement dans les rues, saluant les quelques passants restants. J’arrivai vers le premier bar. Enfin un peu d’animation, on entendait les voix fortes, imprégnées d’alcool, depuis le coin de la rue. Je m’approchai, rien de spécial, juste quelques hommes avec un verre de trop, mais qui rentraient silencieusement chez eux… J’allai voir le tenant du bar, lui demandant s’il avait besoin de quelque chose. Il me répondit par la négative, apparemment, rien ne s’était passé ce soir, comme tous les soirs depuis les quinze ans qu’il tient ce bar me dit-il. Si c’est ça un coin chaud de Suna, cette patrouille allait se transformer en ballade de santé… Et c’est exactement ce qu’il se passa. Je n’eus rien d’autre à faire que d’aider un ivrogne à ouvrir sa porte, car il était trop saoul pour mettre la clé dans le trou… Décidemment la vie est belle à Suna. Ma mission accomplie, je rentrai chez moi, pour finir ma nuit au fond de mon lit. J'étais tout de même assez déçu de cette mission. Je n'étais pas encore le héros, garant de la sécurité de Suna. Je n'étais pas encore assez fort, et on ne me faisait pas assez confiance. Mais bientôt, bientôt, tout ça allait changer.