Bon tu viens ou j'te traine! ( mission rang D)

Spoiler:

Ses yeux s'ouvrirent sur le plafond. Six heures du moment. Sa baie vitrée était ouverte. Elle avait un petit studio pas trop moche, mais trés sobre et assez sombre, sur un flanc abrupt de montagne , accessible juste aux ninjas de terrasse en terrasse. Pas de chemin d’accès, c'était pas plus mal. Le marchand du coin ne venait pas gueuler comme un boeuf à sa porte. Pour le coup, c'était même pas une porte, mais son studio avant un mur ouverte sur le vide, et une terrasse petite. Elle tirait un grand rideau noir le soir sur la largeur du studio. Cette nuit , elle avait franchement mal dormir. Ses yeux clairs observèrent quelques longues secondes le plafond et elle bailla en s'étirant vers le haut , faisant craquer une grande partie de ses os en vrac. Avec tous les mauvais traitements qu'elle avait subit , ses os et ses ligaments n'étaient plus trop une référence. Sa langue passa sur ses lèvres sèches et elle s'extirpa durement de cette masse molle qu'on appelle matelas. Non de dieu... encore une journée à assumer avec un sommeil erroné. Et en plus on lui avait donné une mission à faire. Elle expira longuement en refermant les yeux à cette perspective. Se levant avec la motivation d'un ours qui sort d'hibernation, un pas derrière l'autre, comme une bourrée de service, là voila qui titube en frottant le visage, vers la vasque de flotte froide, le pantalon qui tombe sur les hanches, une brassière noire en haut et se regarde dans le miroir. Ok... Point positif dans une retard , les dreads , pas besoin de les coiffer. Elle se gratte la tête , grimace un peu. Dix minutes, et la douche et prise. Toute propre et séchée, elle enfile sous vêtements, corset noir serré, jupe courte droite ceinture, bandeau à la cuisse sur le collant noir, bottes à crampons de fer raffinés, et attrape une boite en ferraille fine qu'elle loge dans sa poche de manteau peau noir , au col de fourrure. Elle porte une clope artisanale à ses lèvres , et l'allume sur une bougie , avant d'éteindre la mèche.

Bouffée toxique salvatrice. Son regard s'allume et un léger sourire apparait à ses lèvres. Son père l'a déjà engueulé pour cette manie qu'elle a de fumer mais elle n'arrêtera pas quoi qu'il en dise. C'est ça où elle pulvérise la moitié de son clan. Elle se perche en haut de la rambarde de sa terrasse, clope entre ses doigts gantés, et fixe le vide avec une fascination innée. Ces reliefs lui manqueraient si elle devait partir. Habituée à faire ça depuis petite, vu la structure du village, elle se laisse alors tomber dans le vide, et se réceptionne de terrasse en terrasse, direction le lieu de rendez vous, l'habitation secondaire d'un seigneur en vacation. Encore un pète-cul comme elle le dit si souvent comme elle voit les éminences de sa famille, qui ne prône que l'élite. Elle croise de trois collègues et les salue de la tête , s'accrochant où elle peut. Elle atterrit sur un escalier et reprend sa clope de ses lèvres pour expirer la fumée, pensive. Au bout de quelques minutes, elle arrive devant et observe le lieu. Inspirant pour se donner consistance, sachant qu'elle et le social , ça fait deux , elle s'engage dans l'allée , se racle la gorge et lève la main pour toquer mais la porte s'ouvre avant et là , le choc. Non , le Raikage était là? On lui avait dit escorter un seigneur, elle s'attendait à autre chose elle ! Mais là... Elle manque d'en faire tomber sa clope, la bouche entrouverte , son petit poing encore en l'air, les yeux baissés sur l'individu en question.

- Pile à l'heure!! Et charmante comme tout en plus! J'avais demandé une demoiselle, mais je pensais pas que le village en refermait de si jolies!! Un thé, des gâteaux !!!? J'ai encore deux trois petites choses à rassembler et nous y allons!

Ok... non , là , lui faut une augmentation. C'est pas possible. Un vieil homme d'environ un mètre quarante, tassé soit par l'âge soit par un gros rochet sur la tête. Il sourit. Oui alors là aussi , en option non? Des trous noirs partout et ses yeux étaient jaunes bizarre. Il était malade? C'était peut être contagieux ?! Sae resta un peu interloquée et se reprit en ôtant la clope de ses lèvres pâles.

- Euh... je.. non merci , prenez votre temps... j'at..tends.

Choqué par un vieux crouton radicalement défoncé par l'âge. C'était assez violent psychologiquement là. Rah pourquoi on l'envoyait pas simplement chercher un pauvre caillou! Avec les cailloux on a pas besoin de causer! Le vieux lui tourna un coup autour et regarda les environs, et Sae haussa un sourcil en recrachant la fumée blanche, tapant sa clope par dessus la rambarde en fer à l'entrée de la maison. Non mais c'est bon , personne va te tuer là le vieux , va chercher ta paperasse. Il arrêta un instant son regard sur elle et elle leva discrètement les yeux au ciel. Eh ben... on est pas rendu... Sa main gauche passa sur sa joue et elle se racla la gorge, réveillant le petit vieux de sa léthargie perverse. Ce type était obscène, laid, et l'odeur était... celle d'un vieux... mais un vieux bien vieux. On pouvait pas faire mieux. Il entra dans sa maison, et elle attendit calmement assise en équilibre sur la barrière. Quand enfin , il ressortit , elle se redressa , observant les alentours et lui rabattit sa capuche sur la tête.

- Pourquoi vous me mettez la capuche, il ne pleut pas. J'ai mis une cape sombre en plus.
- Pour qu'on ne vous reconnaisse pas. Je préfère qu'on vous prenne pour un vieux paysan plutôt qu'on vous reconnaisse à chaque coin d'escaliers. Vous allez pouvoir monter jusqu'à l'académie?

Elle le dévisagea de haut en bas, et regarda le chemin qu'il y avait à faire jusque là haut. C'était un peu comme faire nager une pierre. Impossible. Cette mission allait être....non en fait , c'était inqualifiable...

- Mais oui mais oui , ne me sous-estimez pas!
- Loin de moi l'idée de vous sous'estimer. Bien on y va alors. Mais restez toujours entre la paroi et moi.
- Bien, sourit-il en commençant à avancer courbé comme une mule trop chargée.

Pourtant ce n'était pas les trois rouleaux qu'il portait qui étaient sensés poser problème. Elle le regarda avancer, se mettant aux aguets... Le traget s'annonçait long. Le village était calme , ça allait.

- Cachez les rouleaux sous votre manteau s'il vous plait.
- Pourquoi donc?
- Parce qu'un vieux pauvre qui transporte des parchemins de qualité, ça fait camouflage à deux balles.
- Vous avez un franc parler , ça ne vous cause jamais de problème?
- Oh si. Mais j'suis pas là pour faire dans le sociable.
- Un peu si en quelque sorte. Vous êtes de ceux qui nous protège. Vous devez aimer ça non? Vous avez eu une éducation stricte non ? J'ai vu le sigle de votre famille sur votre manteau. Les Kusari ne font pas de cadeau.
- Je doute que ce soit une bonne chose de parler de ça.
- Des rumeurs tournent sur votre clan.
- C'est à dire?
- Des gamins de votre famille disparaissent de temps en temps dans des accidents dans les cols. Est-ce vrai ou est-ce juste un prétexte?

Sae regarda le vieillard en coin , clope au bec, réfléchissant un court instant et jeta des coups d'oeil , en hauteur , et par dessus la rambarde, alors que le seigneur agé continuait de monter les marches à la manière d'un batracien cul de jatte.
- J'crois que c'est pas vos affaires le vieux. J'ai pas franchement envie de parler de ce genre de choses avec un étranger. Je suis sensé vous protéger pas vous faire du mal , alors avancez. Plus vite on sera arrivé, plus vite vous serez en sécurité.

Mais au moment où elle disait ça , le vieillard s'assit sur une marche. Elle se redressa, haussa les sourcils et soupira en expirant la vapeur toxique.

- C'est une blague.
- Désolé, j'ai besoin d'un moment de repos...

Sae le considéra vaguement du regard ,puis releva les pupilles évaluant la distance et l'effort à fournir , puis rebaissa les yeux sur lui , avant de s'approcher à un demi mètre, et de tacler sa clope finie dans le vide.

- Vous pesez combien?
- Je l'ignore pourquoi..
- Vous êtes gras ou maigre.
Il rit un peu et manquait de s'étouffer avec sa propre salive.
- C'est plutôt direct. Maigre , mais pourquoi cette question, vous êtes bien curieuse.
- On juge mal avec vos vêtements.
- C'est que je suis courbé, à mon âge , j'aimerais bien vous y voir.
- Levez vous s'il vous plait et donnez moi vos rouleaux.

Le vieil homme s’exécuta. Elle prit les rouleaux et les fixa à sa ceinture, puis posa un genou au sol, se concentrant , prête à fournir un effort considérable. Elle était meilleure en suiton qu'en grimpée, mais c'était son entrainement depuis gosse, son père ne lui avait pas fait de cadeau. Elle écarta les bras, et il fut surpris de voir qu'elle lui proposait de lui montrer sur le dos.

- Non , mais je vais vous faire mal ?! et puis vous êtes une femme!
Elle maugréa sans pour autant changer de position. Il veut mourir le vieux.
- Comme si on s'en était une seule fois préoccuper... *tourne les yeux sur le petit vieux avec une voix claire* Bon , vous vous décidez? On y arrivera pas sinon. On a juste monter une quarantaine de marches, et y'en plus de trois cents, sans compter les deux palissades à passer. Plus vous allez rester à découvert ,plus vous risquez de vous prendre une arme ou une attaque quelconque. Ma mission est de vous escorter rapidement et en sécurité, alors montez. Le village n'est pas encore totalement réveillé , on s'active s'il vous plait.
- Oui , oui , bien euh... comme ça ? demanda-t-il en lui grimpant sans aucune délicatesse sur le dos.

Elle en sentit ses os, et se releva non sans peine quand même. Maigre? Il ne devait pas avoir le même vocabulaire. En fait , ce type semblait plus grand sur son dos , que quand il marchait. Il était vraiment ratatiné et courbe. Sa colonne vertébrale devait être de la compote. Elle prit le temps de bien le caler sur son dos, et se mit à enchainer les premières marches en hâtant le pas, en petite foulée, se concentrant sur le trajet , le regard fixe entre ses dreads qui filaient en arrière, et passa les deux palissades très rapidement , avant de sauter d'un bord à un autre au dessus d'un fin précipite de deux mètres et atterrit lourdement de l'autre coté, tapant son genou au sol. Elle plissa un œil et se redressa , en serrant les dents, puis reprit sa course. Le soleil commençait déjà à monter par dessus les terrasses et les chemins devenaient visibles. Elle devait se hâter, elle n'avait pas envie de se fighter aujourd'hui. Filant aussi vite que possible, elle passa à toute allure devant deux chunins d'un coup , dont l'un des deux faillit en échapper son verre. Ils zieutèrent la brunette courir avec un colis sur le dos , un truc pas très identifiable et tordirent de l’œil, puis regardèrent leur café, se demandant si ça venait pas de là?

Aprés quelques dernière minutes de course effrénée, elle arriva enfin à l'académie, et posa le vieux sur le sol. Elle ouvrit l'un de ses ceintures, et lui redonna les parchemins en rouleaux avant de s'incliner. Il sourit et elle s'assura qu'il rentre sans encombre dans l'académie, lui souriant aussi pour masquant sa douleur au genou et quand il eut disparu , elle ouvrit en grand la bouche et se pencha en deux pour toucher son genou... putain de... Pardon . Aieuh! Une belle bosse commençait à se former. Elle allait avoir un bel hématome. Règle numéro un du genin : Escorte tu ne feras point , surtout si vieux il est. Elle inspira profondément et fit demi tour, pour se poser dans un petit coin , sur un banc de pierre, et étendit sa jambe, en se rallumant une clope artisanale et tenta d'attendre que ça passe. Elle le savait , elle aurait du se faire porter pâle.

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