Naruto no Sousaku
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilDernières imagesS'enregistrerConnexion

Partagez
 

 Tales of Chaos [Solo/FB]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
MessageSujet: Tales of Chaos [Solo/FB]   Tales of Chaos [Solo/FB] EmptySam 21 Juil - 8:11

Tout était si flou, si lointain. Un capharnaüm dantesque résonnait alors à ses oreilles, l'écho d'une bataille épique lancée entre des factions dont elle ignorait tout. Pourquoi tant de sang devait-il être versé ? Pourquoi tant de haine devait couler de ces êtres qui appartenaient à une même race, une même nation sans doutes, un même peuple ? Etait-ce là sa nature la plus sombre et détestable, celle qui faisait que parmi tous, l'homme restait un individu exécrable de par son comportement et son éternelle envie de faire ployer le genoux à quiconque se dresserait sur son chemin ? Ce n'était pas le genre de choses que l'on enseignait à une petite fille, encore moins lorsqu'elle devait elle même donner son propre jugement, faire preuve d'un jugement sans faille, sans la moindre compassion et sans la moindre clémence. Qui était-elle alors dans un monde ivre de combat et de victoires, où les héros déchus étaient chantés dans des fables grotesques vantant leurs plus petits attributs, et où seuls les vainqueurs écrivaient l'histoire d'une plume tissée d'agonie et de mensonges ? Rien de plus qu'une enfant perdue, tiraillée entre ses devoirs en tant que descendante des juges des mortels et ses plus profonds sentiments de dégoûts face à cette humanité de folie.

Douce mélancolie, pourquoi se faisait-il que tu viennes hanter nos rêves les plus pieux ? Ton sadisme n'avait-il comme égal que ta ponctualité la plus pernicieuse ? Questions et réponses se côtoyaient dans une valse de lumières et de ténèbres, là où les ombres naissaient et s'effondraient, languissantes et envahissantes, alors que l'enfant restait prostrée devant tant de prestance et d'indifférence à son égard. Elle se sentit assaillie par cette même tristesse qui rongeait ses parents, cette même rancoeur qui animait les cœurs et armait les bras, et cette mélodie cristalline de mort qui scintillait parmi cet effroi implacable. Une lancinante berceuse annonciatrice des maux de ce monde, de cette humanité pestiférée et de ces shinobis porteurs de malheur. Larghetto, elle allait, carillonnant inlassablement alors que le combat redoublait d'intensité. Personne ne semblait les avoir remarqué dans cette panique la plus totale, à moins que ce ne soit la volonté des créateurs de leur insuffler cette fougue, cette ténacité. Car là où ils ne verront que désolation, leurs yeux crieront leur vie, et leurs larmes seront versées pour une paix durable et un pardon supplémentaire accordé à cette race qu'ils cherchaient inépuisablement à sauver. Miséricordieux, auriez-vous put faire preuve de plus de clémence envers vos humbles serviteurs ? Leur infliger pareils tourments n'était-il pas suffisant ? Ou désiriez-vous les voir jouer de leur vie dans la quête qui leur incombait, en bons serviteurs de votre suprématie ?

Qui étaient-ils finalement, mis à part une poignée d'élus ? Des hommes et des femmes cherchant en vain à se fixer dans ce monde, à trouver une place où leurs capacités ne seraient pas des instruments de guerre et de trahison. La loyauté restait la plus solide des pierre pour entamer de solides amitiés, au même titre que le temps n'était qu'un animal sauvage avec lequel il fallait savoir vivre, au lieu de chercher à l'apprivoiser. Des moineaux cherchant à se poser près d'une multitude de chats, tous aussi rapiats que leurs congénères. Voilà ce qu'ils étaient, inlassablement chassés pour aider autrui à réaliser ses plus noirs désirs, indubitablement pourchassés pour ne pas finir dans l'estomac d'un autre. Mais, à défaut d'être de vulgaires proies parmi tant d'autres, ils étaient voués à un destin d'autant plus sinistre, emprisonné dans une magnifique cage dorée, condamnés à entendre les mêmes échos encore et encore, ceux d'un cœur flétri par la déraison et l'avarice la plus mirobolante. Toute vérité n'est pas bonne à entendre, alors que pouvait-on faire lorsqu'on entendait tout ce que quiconque cherchait à dissimuler dans les méandres sinueux de son cœur ? Les gardiens des secrets, les personnes les plus aptes à comprendre l'humanité qu'ils détestaient, emplis d'amertumes et ainsi emprisonnés dans un cercle vicieux où eux-mêmes se verraient exécuter pour leurs pêchés jadis avoués...

La porte s'ouvrit alors, laissant une amère lumière éblouir la petite famille alors qu'un vent glacial venait mordre leur chair nue. Le père enserra davantage sa femme et sa fille, tentant en vain de protéger les seuls êtres qui tenaient encore une place suffisamment grande dans sa vie pour qu'il ne sombre pas dans une folie furieuse. Des voix s'élevèrent, incompréhensibles et vagues, comme perdues dans l'horizon de ces contrées de neige et de blizzard. Un homme pénétra alors dans la modeste demeure, avant de porter un regard bleu cobalt sur l'enfant que le couple tenait fermement. D'une bonne stature, le visage buriné après des années passées dans le froid, une barbe garnie et partiellement recouverte de gel, tout laissait croire qu'il n'était pas aussi civilisé que ceux qui eurent habité ce petit hameau. Amane vit l'espace d'un instant de sombres envies et une multitude de peurs l'assaillir à la vue de ses propres oreilles, comme si le sauvage face à elle avait eu vent de quelques superstitions. Des commérages des cités du Nord le plus éperdu, mais des légendes et contes qui semblaient avoir leur effet. Son regard s'emplit alors d'une certaine condescendance, alors qu'il baissait la tête en signe de respect. Dans le même temps, il avait planté sa hache rutilante dans la terre, prononçant quelques mots dans une langue qu'aucun des trois ne put comprendre, mais qui ressemblait étrangement à une prière à leur égard. Enfin, c'est sans mot dire qu'il repartit, laissant derrière lui un paysage de misère et de désolation, ce même effroi qui les avait envahi quelques minutes auparavant. Chaque hôte s'était retrouvé mutilé, chaque femme violée, chaque enfant emporté, chaque maison brûlait lentement, dans une odeur de renfermé et de terre brûlée, se mêlant à la putréfaction de tout autant d'amis, de frères et de sœurs qu'ils avaient put rencontré. Ô Miséricordieux, était-ce là le prix à payer pour faire d'eux les messagers de vos desseins, ceux qui abreuvaient vos fleuves de morts, ou n'était-ce là que pure facétie de votre part, comme un destin cruel que vous vous complaisiez à observer inlassablement ?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
MessageSujet: Re: Tales of Chaos [Solo/FB]   Tales of Chaos [Solo/FB] EmptyMar 24 Juil - 17:17

Ils commencèrent alors à les suivre, incapables de rester parmi ce paysage de morts, ce triste sort qui aurait dû les frapper sans la divine providence de ces oreilles allongées. Déjà les corbeaux s'affairaient sur les dépouilles des victimes, se disputant les plus tendres et délicieux morceaux de ces chairs meurtries par le métal et la folie humaine. Et, dans leur grande impuissance, les trois moineaux partaient, fixant les oiseaux porteurs de malheur sans pouvoir déceler en eux une quelconque antipathie à se repaître des morts condamnés par l'assaut impromptu d'une bande de sauvages. Comme si il avait perçu les médisances de la jeune fille, un éborgné se retourna d'un air mauvais avant de lancer une poignée de fourrures sur ceux qui les suivaient. Sans doutes avaient-ils une quelconque pitié à leur encontre, eux qui avaient toujours fait dans leurs moyens. Eux qui se voyaient offrir de quoi se réchauffer par ceux qu'ils suivaient, ces mêmes qui avaient détruit leur abri sans la moindre sommation, quelle douce ironie résonnait alors à leurs oreilles... Surtout que chemin faisant, jamais ils n'osèrent adresser un quelconque remerciement à leur sauveur au fur et à mesure qu'ils pénétraient ces terres reculées de toute autre civilisation. Mais où donc pouvaient-ils aller désormais si ce n'est là où la vie se faisait présente malgré tout ?

Le balafré -qui répondait au nom de Cina- somma au groupe de s'arrêter, posant une main à terre. Il murmure alors quelques paroles de plus. Les trois porteurs de l'oreille divine ne cherchèrent pas à comprendre davantage les élucubrations du sauvage alors qu'un autre, moins imposant que son compagnon, venait le rejoindre. Cependant, force est de constater que leurs inquiétudes allaient en grandissant, car même si ils ne partageaient pas le même dialecte, cette frayeur parcourant leur échine se faisait de plus en plus palpable, de plus en plus omniprésente et pressant chacun à se tenir sur ses gardes. Une certaine attention qui ne toucha pas la famille, se reposant sans doutes trop sur ce don qu'ils avaient acquis de la clémence de Miséricordieux. Ô êtres éternels, juges du firmament et nymphes du ciel, aviez-vous corrompu leur cœur par quelques sentiments de supériorité, où n'était-ce là que l'expression de leur jugement vis-à-vis de ces personnes, qu'ils jugeaient alors indignes de leur présence et incapables de faire preuve de davantage d'humilité ? Le fait est que vos serviteurs seraient sous peu confrontés à des épreuves mettant leurs sentiments à rude épreuve. Quelle confiance pourraient-ils alors avoir envers cette humanité que vous chérissez ?

Tout se passa vite. Les haches fusèrent, la panique s'empara du convoi, et une poignées d'ombres imposantes s'abattirent sur les guerriers et leurs protégés. Amane, incrédule, était aussi choquée que ses parents qui n'eurent pas conscience de cette approche animale. Des loups rongés par la maladie, dont les os saillants craquelaient dans un fracas sinistre, avaient pris le groupe pour cible et tentaient d'isoler quelques personnes pour mieux les déchiqueter et assouvir leur faim. D'un large mouvement en croissant, Cina décapita l'un d'eux, faisant rouler une tête rugissante jusqu'aux pieds de la jeune fille qui ne put s'empêcher de crier à la vue cadavérique de ce spectacle. En effet, quelques maléfices semblaient animer la charogne, lui insufflant une seconde vie alors qu'elle cherchait à happer entre ses puissantes mâchoires le plus proche membre. Le corps lui vacillait, mais semblait tout aussi enclin à donner encore du fil à retordre à la caravane. Hurlant ce qui ressemblait à un nom, le balafré lança en l'air une bourse bien remplie, visiblement exaspéré par la situation et la tournure des événements. Ô Miséricordieux, aviez-vous prévu la présence d'un diable plus fourbe que vos déchus, et pensiez-vous peut être que vos humbles serviteurs sauraient percevoir le malin dans son cœur ?

« Yare yare, on a du mal on dirait ? »


La famille aux oreilles pointues se retourna alors pour apercevoir, perçant dans le blizzard et le froid, cette silhouette moyenne et encapuchonnée s'approcher d'un pas lent et décidé du combat. Aucuns sentiments ne filtraient du cœur de l'étranger, mais son esprit lui n'était qu'un dédale envoûtant de corridors et de portes fermées. Implacable, impossible à lire, il n'était qu'un livre que l'encre n'avait jamais souillé, en plus de quoi de lourds cadenas venaient fermer sa couverture. Cependant, il eut tout le temps de démontrer l'étendu de ses talents, mettant en déroute les lupins d'un léger claquement de doigt. Les cadavres ambulants s'embrasèrent d'une lueur bleutée, hurlant à la mort alors qu'ils disparaissaient dans un feu purificateur. A la fois impressionnés et effrayés, les sauvages hurlèrent à la victoire pendant que la silhouette ramassait la bourse auparavant lancée. Sans doutes était-il un quelconque mercenaire engagé pour la protection du convoi, mais quel mercenaire ! Ignorant alors les quelques paroles lancées à son égard par les autres, il s'approcha de la famille pour enfin se pencher vers la jeune fille. D'un doux mouvement de sa main gantée, il essuya les larmes de peur qui s'asséchaient sur ses pommettes, pour enfin révéler une tignasse blonde et un regard émeraude aussi perçant qu'intriguant. Étonnamment, il semblait diablement jeune. Quand ils eurent recouvert leurs esprits, le paternel exigea des explications quant à ce qu'ils étaient, et pourquoi seuls les sauvages avaient put percevoir leur présence. Comptant ses pièces sans paraître spécialement intéressé par la question, il se contenta d'aider Amane à se relever.

« Les fantômes d'un autre temps. Des créatures animées par quelques techniques de nécromancie, des carcans de chairs amoncelés pour lutter contre ceux qui ne savaient pas s'en défaire. Des cadavres sans âmes à entendre, sans cœur qui batte. Et vous vous sentez offusqués de ne pas avoir put prévoir le coup ? »

Un froid mordant rappela chacun à la raison alors que le père s'apprêtait à répondre, légèrement irrité par le ton ironique et hautain du jeune homme. Ce dernier coupa court à la conversation d'un ample mouvement de sa cape, dévoilant par la même occasion une paire de dagues aux courbes irrégulières mais d'une main d'oeuvre sans reproche. Leurs reflets violacés à la lueur du pâle soleil filtrant au travers du rideau neigeux eurent raison de la véhémence du paternel. Alors le blondin somma à Cina de s'approcher, suite à quoi ils discutèrent dans ce langage si étrange qui échappait à tous. Dans sa grande reconnaissance, et sans doutes parce qu'elle fut impressionnée par une telle puissance, Amane se détacha l'espace d'un instant de ses parents avant de retourner rejoindre le blondin. Ce dernier, apparemment amadoué par cette bouille infantile qui se présentait à lui, se baissa alors pour se mettre davantage à sa hauteur. Alors il lui demande ce qu'elle voulait, sur un ton enjoué à la limite de la bienveillance la plus pure. Forte de son innocence, elle ne perçut en lui que bonté et protection.

« Merci monsieur. Vous êtes qui ? Vous savez où on va ? »

Elle s'était faite concise car quelque peu impressionnée, mais ce n'était étrangement pas en mal. Cette présence masculine était sans douter plus pesante dans sa vie que n'importe quelle autre. Était-ce pour cela que son cœur s'emballait légèrement à la vue de ces yeux émeraudes et de ces traits particulièrement bien dessinés ? Ô Miséricordieux, auriez-vous put choisir plus malin homme pour l'âme de cette enfant ? Où se devait-elle de finir pervertie par des discours et des clins d'oeil aguicheur, tout autant de forces qui la traîneraient en dehors des sentiers que vous aviez tracer pour vos serviteurs ?

« Je m'appelle Torihiki Asu, deuxième du nom. Les peuples du Nord me surnomment Djidane -quelque chose comme le renard fantôme, messager de la sagesse des glaces. C'est un peu flatteur mais je ne suis qu'un mercenaire itinérant. Et là où on vous emmène... »

Le convoi s'arrêta alors, Asu se détachant du convoi suivi de près par l'enfant. Ses parents cherchèrent l'espace d'un instant à la récupérer, mais ils furent bien vite stoppés par le balafré. De son regard noir, il leur intima de garder le silence. Au loin, le blondin composa quelques signes de ses mains, minant de se concentrer dans l'exécution de ces quelques gestes. Alors, le rideau de neige fut percé par un mur de flammes qui souffla l'espace d'un instant la glace et ouvrit le paysage sur des notes de lumières chatoyantes. Quelques flocons sauvés in extremis reflétèrent la lumière d'un pâle soleil, le tout dans une danse douce au regard. Mais plus impressionnant que cela, une fois le mur de feu dissipé s'élevèrent des remparts et une architecture à en couper le souffle. Tranchant avec le paysage rocailleux et foncièrement désertique, une ville forte se tenait là. Peut être pas aussi impressionnante que les merveilles que possédait ce monde qu'ils foulaient inlassablement, mais toute aussi belle que ces lames de cristal remontées sur des promontoires d'obsidienne qui parcouraient le chemin qu'ils parcouraient. Asu, dans sa grande sagesse et devant l'air curieux de l'enfant, expliqua au couple qu'il s'agissait des tombes érigées en l'hommage des morts emportés par le froid et la maladie. La caravane passant la porte lourde de bois, le blondin ne put s'empêcher d'effectuer une révérence à l'égard de la petite famille. Tout sourire, il leur annonça leur arrivée.

« Bienvenue à Sémiramis, cité des seigneurs du Nord sauvage ! »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
MessageSujet: Re: Tales of Chaos [Solo/FB]   Tales of Chaos [Solo/FB] EmptyMar 14 Aoû - 19:01

« Sémiramis ? Je croyais que ce n'était qu'une légende pour endormir les gamins... »

Le père d'Amane se faisait toujours aussi sceptique, comme si il avait oublié les quelques minutes qui les avaient séparés d'une mort certaine. Un manque de reconnaissance flagrant qui perlait de son âme comme tout autant de lames visant à défendre les membres de sa famille. Rien qui ne puisse paraître cependant perturber le jeune homme. Toujours aussi opaque, son cœur restait immuable, perturbant le paternel lorsque Djidane planta son regard sur lui. Un fin sourire vint étirer ses lèvres, alors qu'il s'approchait de son interlocuteur, un doigt accusateur pointant dans sa direction. Ni l'homme ni sa famille n'osèrent exposer la moindre résistance à la situation. Lentement, le blondin inséra son doigt entre les côtes de sa victime d'un temps, lui arrachant par la même occasion un cri étouffé de douleur. Alors il s'arrêta.

« Vous souffrez ? Vous la voyez toujours ? Alors vous ne rêvez pas. Cependant, j'avoue que la vérité est légèrement différente de ce que l'on peut raconter aux enfants. »

Il n'en dit pas plus, se contentant de s'en retourner aux côtés de Cina. De nouveau ils échangèrent quelques mots avant de s'acculer aux portes de la cité du Nord, près à passer ces masses imposantes de bois travaillés par des artisans habiles. Sans doutes étaient-elles capables de tenir des millénaire, imposant le respect par ces arceaux d'acier rutilant et ces gravures flavescentes bordant l'ébène. Une légère odeur apaisante s'en élevait, mélange astucieux mais inattendu de camomille et de tilleul. Ce n'est qu'en observant derrière que l'on remarquait que l'entrée ne laissait que filtrer les fragrances d'une multitude d'étalages de plantes et décoctions. Les vendeurs s'évertuaient à vanter les mérites de leurs produits, leur donnant sans doutes aucuns une panoplie de propriétés inventées. Djidane, particulièrement intéressé par une sacoche de tissu, de laquelle dépassait une paire de pétales rosâtres, revint offrir à ses invités d'un jour l'un de ces sachet. Toujours tout sourire, il leur expliqua vaguement qu'il fallait toujours avoir quelque chose à offrir à son hôte lorsque l'on cherchait un toit. Ce à quoi lui répondit la mère d'Amane par quelques interrogations. Curieuse de ne pas comprendre le fin mot de cette histoire, Asu remarquait en elle une appréhension certaine à se faire héberger par quiconque nuisait à son entourage, encore plus lorsqu'il s'agissait du chef présumé d'une bande de barbares sanguinaires qui vivaient plus de leurs rapines que de moyens conventionnels et fort loué par autrui. Cependant, pour mettre les choses au clair, il les emmena à l'écart du groupe pour leur expliquer plus en détail leur situation. Ô Miséricordieux, auriez-vous put trouver autre messager pour votre épreuve, ou n'était-ce là qu'un moyen de tester les capacités de ceux qui vous servaient humblement ?

« Ces oreilles sont plus qu'une paire d'attributs allongés pour eux. Il y a toute une symbolique dans leur religion, un culte voué à ceux qui disposent de certaines... capacités. Plus que des hommes, ils vous considèrent comme les messagers de leurs dieux. C'est pour ça qu'ils vous ont épargné, pour ne pas attirer le courroux de leurs protecteurs sur leur peuple. »

Il avoua par la suite que bien qu'il ne partageait pas la même superstition, il croyait fermement que la petite famille se devait de répondre aux attentes du roi de la cité. Et que, grâce au caractère divin qui leur incombait, ils devaient se montrer particulièrement prudents pour ne pas engendrer la colère des seigneurs de Sémiramis. Ils ne devaient offenser personne de trop sulfureux, faire preuve de bonnes manières, mais aussi ne rien avouer de leur mortalité. Une épreuve bien difficile en soi, mais certainement pas insurmontable. Rejoignant le convoi, le blondin tendit une fiole violacée à la jeune fille, puis des similaires à ses parents. Brièvement, il leur expliqua que ses propres compétences lui permettaient de faire partager son savoir, un talent bien rare qui lui avait valu moult problèmes par le passé. Sans donner plus de détails, il avoua que la vérité et le savoir avaient un prix qui obsédait les plus avides.

« Quel poison vous donnez-vous là ? Vous croyez-nous assez bête pour vous accorder une confiance aveugle ? »

Le paternel se stoppa, invitant les badauds à le regarder, l'air curieux mais aussi intéressé par la tournure que prenaient les événements. Apparemment, Djidane était une personne dont l'influence et le pouvoir n'était aucunement remis en cause, aussi lui tenir tête relevait de l'exploit pour bon nombre d'entre eux. Cependant, contre toute entente, le blondin ne se sentit nullement offensé par autant de scepticisme, au contraire. Un rire léger s'empara de lui, avant qu'il ne s'en retourne, faisant valser sa cape au nez de son interlocuteur. Après quelques pas, il tâcha de répondre à cet homme froissé par un comportement aussi hautain et empli d'un sans-gêne déplaisant. Rajouté à cela une pointe d'ironie bien placée et un orgueil qui suintait désormais de son âme, Asu avait toutes les qualités requises pour faire sortir de ses gonds les plus endurcis des insensibles. Sa voix s'était néanmoins faite plus dure, comme pleine de reproches.

« Mais cette confiance, vous me l'accordez désormais, que vous le vouliez ou non. Voyez, le roi n'est pas une personne des plus patiente, et il sait faire preuve d'un scepticisme particulièrement éreintant pour quiconque se voit incapable de prouver ce qu'il avance. Et le fait est qu'il ne parle que sa propre langue, en plus de quoi je le pense paranoïaque. Alors je doute qu'il accepte de parlementer avec des êtres de source divine si ces derniers se voient incapables de communiquer convenablement avec son illustre personne. Cela pourrait être interprété comme un manque cruel d'intérêt et une paresse insolente. »

Il n'en dit pas plus, laissant le père se rendre compte de la bêtise de son propre comportement. Il ne pipa mot lorsque le blondin lui adressa un sourire taquin, puis s'abaissa au niveau de son enfant. L'air particulièrement désorienté par ces menaces dissimulées et cette situation qui lui échappait de plus en plus, il caressa instinctivement les cheveux de sa chair, lui embrassant tendrement le front. Un tableau charmant s'il n'avait pas été dérangé par les raclements de gorge du blondin, fort impatient. Ainsi pris dans une impasse, les trois porteurs de l'oreille divine ne purent négocier davantage les termes de cette confiance aveugle, aussi ils burent chacun la fiole qui leur avait été donnée. Le liquide en lui-même avait un goût âpre et fort désagréable, à l'instar d'une décoction éventée. En voyant les mines pâles de ses protégés, à la limite de la régurgitation, le blondin ne put s'empêcher de les prévenir -trop tard de toute évidence- qu'il avait sans doutes oublié de donner à sa mixture quelques douceurs gustatives pour faciliter son absorption. Le rire moqueur qui s'ensuivit devenait alors plus flou, alors que les informations, les mots et les paroles perçaient au travers de leur esprit, comme autant de lames dirigées contre leur tête. L'espace d'un instant, ils furent tétanisés par la douleur, pétrifiés par un pouvoir aussi insondable que celui de leur traducteur, puis ils revinrent dans une réalité étrange, comme nouvelle.

« Nous y voilà. J'espère que vous savez faire preuve de politesse et de courtoisie. Sinon... j'ai été ravi de vous rencontrer »

Ironique à souhait. Mais Amane sentait dans le regard qu'il lui adressait qu'il ne semblait pas comme les autres, comme si il se faisait un sang d'encre à l'idée de laisser les messagers d'outre-tombe et le plus puissant -et sans doutes le plus véhément- seigneur du Nord sauvage avoir une entrevue, ne serait-ce que pour habiter la cité. Une fois passés sous le regard de marbre d'une poignées de statues représentants les héros de Sémiramis, la petite famille fut présentée à son légitime propriétaire. C'était un homme d'une quarantaine d'année, à la corpulence d'armoire à glace et à la barbe fournie et particulièrement bien entretenue. Une paire de concubine traînait à ses côtés, peu vêtues et lançant çà et là des œillades aguicheuses. C'était à se demander si tant de débauche et de dépravation était monnaie courante en ces murs. Ô Miséricordieux, auriez-vous pu préserver l'innocence de cette enfant, où n'était-ce là qu'une épreuve supplémentaire pour elle et ses parents ? La décadence de cette humanité qu'ils chérissaient était-elle le prix à payer pour vous servir et prouver notre valeur ? Ou vos toutes puissances n'étaient qu'infimes en ces lieux sacrés et protégés par les dieux païens d'une troupe de barbares ?

Le roi se leva alors, lançant une multitude d'interrogations de son regard bleu cobalt. Cina fit preuve d'une humilité toute particulière lorsqu'il s'agenouilla face à lui, expliquant par la même occasion ce qui l'amenait là, dérangeant le maître des lieux dans « l'exercice de ses fonctions les plus importantes ». Amane quant à elle restait silencieuse, au même titre que ses parents ou que son protecteur. Ce dernier restait par ailleurs étrangement silencieux, comme intimidé par le pouvoir de cet homme face à lui. Cependant, la jeune fille percevait toujours cette envie de défi, cette soif de liberté qui suintait de son cœur depuis qu'ils avaient franchi les portes de la cité millénaire. Il s'était fait plus perméable, et cela permettait aux détenteurs des oreilles divines de mieux cerner le personnage, bien que les zones d'ombres restaient nombreuses, omniprésentes... Elle fut sortie de ses divagations par un rire rauque et aux allures malsaines. Le roi semblait prendre la nouvelle avec un enthousiasme tout particulier. Ce n'était pas tous les jours que l'on pouvait se prétendre hôte de l'incarnation de ses dieux sur terre...

« Bienvenue à Sémiramis, mes amis ! Je me nomme Zweig, Roi de Sémiramis, et vous êtes les bienvenus dans ma demeure. Nous ne sommes pas avare lorsqu'il s'agit de loger les messagers des Dieux, alors faites comme chez vous ! »


Sans doutes espérait-il quelques reconnaissances de la part de ceux qu'ils servaient dans leur religion. Alors seulement ils comprirent dans quelle mésaventure ils se lançaient, et prirent d'autant plus les menaces du blondin au sérieux. Lui seul semblait assez doué pour leur offrir la porte de sortie qu'ils désiraient ardemment, mais c'était alors pactiser avec le démon. Un cas de conscience qui ne fut qu'atermoyé toujours plus loin dans le temps. La famille jouissait désormais d'un confort exemplaire, eux qui avaient toujours cherché à survivre et faire de leur mieux avec ce qu'ils avaient, ils éprouvaient ainsi une envie irrépressible de rester et finir leur vie ici. Las de devoir jeûner plusieurs jours auparavant, ils se repaîtraient désormais des mets les plus fins en compagnie de leur hôte, qui n'hésitait pas à faire appel de leur capacités pour ses problèmes politicojuridiques. Un grand bien pour la cité, mais basé sur un mensonge qui rongeait peu à peu les âmes. Aucune culpabilité ne suintait de leur cœur, noyée par leur indifférence croissante envers tout ce qui les entourait. Chaque mets provenait de rapines, chaque parures qu'ils revêtaient avaient été arraché du corps gisant d'une femme, mais leur propre confort semblait avoir pris le pas sur leurs principes les plus nobles.

Amane, quant à elle, s'était rapprochée de Djidane avec le consentement impromptu de ses parents. Sans doutes avaient-ils mis de côté leur rancune, laissant place à une reconnaissance à la limite de l'hypocrisie la plus sournoise. Le blondin se complaisait dans l'apprentissage de la jeune fille, lui enseignant le base même du ninjutsu, mais également lui inculquait quelques valeurs, tentant de la sauver de ce trop-plein de confort qui ruinait peu à peu son cœur et son esprit. Il prétendait ne pas pouvoir l'aider si elle disposait d'une âme flétrie par ces excès et ces vices innombrables qu'elle côtoyait jour après jour. Une éducation qui ne passa cependant pas inaperçue aux yeux de certaines instances de Sémiramis, laissant les rumeurs se multiplier quant à la trahison du blondin vis-à-vis de son roi. Asu fomenterait une rébellion, tenterait de prendre le pouvoir en se servant des messagers du cœur pour faire chuter le maître actuel, serait à la tête d'une secte visant à laisser passer des idéaux révolutionnaires, tout y passait. Et cette promiscuité on ne peut plus déplacée laissait les commérages prendre des proportions telles qu'il fallut mettre les choses au clair avec tous.

Un jour, ils furent ainsi attendu par une paire de gardes qui leur sommèrent de les suivre jusque dans les méandres de la cité, et ce jusqu'à un roi furibond et alerté par les chimères les plus viles qui circulaient dans les rues à toute heure. Il s'époumona à la vue des deux énergumènes, intimant à la jeune fille de le rejoindre, sous les émeraudes incrédules de son tuteur. Intimidée par la rage qui mordait les viscères de son hôte, Amane se hâta alors de le rejoindre. Effroyable, de l'écume sortant de sa bouche dans un amas de bruits désagréables, il tâcha de récupérer son sang-froid. Après plusieurs minutes où seule sa respiration et les sanglots de la jeune fille venaient rompre le silence, il somma à l'un de ses garde d'aller chercher les parents de l'enfant. Alors seulement, il s'adressa à celle qu'il avait fait quémander.

« Amane, ma chère Amane, j'ai une question à te poser, chère enfant. Pardonne mon impudence à te faire chercher alors qu'il est si tard, mais j'ai besoin de réponses rapidement : Torihiki Asu, le Djidane, est-il dangereux pour ma personne ? »

La vérité avait désormais un prix, et alors seulement elle comprit de quoi il retournait lorsque son tuteur lui avait fait part le blondin. Tout connaître était une chose, mais il fallait accepter de faire des sacrifices pour cela. Et en aucun cas elle ne pouvait se permettre de faire une erreur, bien que ses tripes lui hurlaient que son professeur n'était en rien dangereux, qu'il ne s'intéressait pas à un pouvoir aussi grand que celui de Zweig. Cependant, pour satisfaire les caprices de ce dernier, elle se devait de répondre à sa requête, aussi elle s'approcha du jeune homme en lui adressant la même question, cette même question qui rongeait le roi de cette cité maudite. Ô Miséricordieux, pourquoi fallait-il que vous donniez à cette enfant une tâche aussi ardue que de débusquer le démon qui se terrait dans les entrailles d'autrui ? Ce n'était plus une impasse qui s'offrait à elle désormais, mais bel et bien une cage, à l'abri du soleil et de toute liberté. Comment aurait-elle put mentir si elle ignorait tout de l'homme qui se trouvait face à elle ? Une ignorance blessante, qui ne faisait que ramener l'enfant à la réalité la plus amère qui soit : elle ne percevait rien, et son hôte attendait une réponse... Alors seulement, elle prit le chemin le plus lumineux et noble qui soit. Son innocence allait finalement être sa perte. Ô Miséricordieux, pourquoi imposer à cette humble serviteur de votre puissance pareilles souffrances ?

« Je l'ignore, je n'entends rien de son cœur... »

« Tu l'ignores ? »

Abasourdi par cette réponse, il ne fallut que peu de temps au roi Sweig pour qu'il ne comprenne la supercherie, le laissant fulminer de rage. Ainsi avait-il mal interprété les paroles d'Amane, ainsi avait-il brusquement fait preuve de véhémence, sous le regard imperturbable du blondin. A vrai dire, seul l'amusement perlait de son cœur, une douce moquerie sans doutes adressée à la jeune fille aux longues oreilles. Elle se garda cependant d'avouer ce détail, dévisageant d'un air incompris son tuteur. Ce à quoi il répondit d'un tendre sourire, avant que son index ne se place sur sa bouche. Alors, brisant cette complicité de dernière minute, l'ordre fusa :

« Je donnerai un sac d'or à quiconque me rapportera leur tête sur un pique ! Attrapez-les!! »
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: Tales of Chaos [Solo/FB]   Tales of Chaos [Solo/FB] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Tales of Chaos [Solo/FB]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Entraînement en famille. [Solo]
» [Solo] Cool Story Bro
» A l'aube d'un nouvel insecte [Solo]
» [Solo] Juste l'histoire d'une balade

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Naruto no Sousaku :: Reste du monde :: Autres lieux :: Yuki-