| InvitéInvité |  Sujet: Mission D - La Charogne  Lun 2 Juil - 12:56 | |
| Si tôt ressortissant d'une première missive que Hakkyō fut convoqué pour une seconde mission. Son travail au sein de la forge de senbon avait fait bonne impression. De fait, les quelques membres du Conseil mandatèrent le néophyte à la crinière argentée pour un bref briefing. Au petit matin, le Kaguya quitta donc l'endroit où il passa la nuit pour se diriger vers le point de rendez-vous. Après un bref voyage au cœur d'une purée de pois épaisse, le guerrier fit la rencontre d'un employé du département administratif de la cité. Un homme lambda, dont la physionomie confirmait le stéréotype du vieux fonctionnaire aigri. Une toge, des cheveux gris, un visage méprisable. L'Enfant des Neiges ne s'attarda pas longtemps sur le physique du gringalet, mais plutôt sur l'ordre de mission qu'il attribua au shinobi en question. Un rouleau de forme modeste, comme d'habitude. Mais ce papier n'avait que d'utilité que de rafraîchir la mémoire du quidam qui allait partir en mission. Ainsi le vieillard exposa les modalités de cette tâche de rang D: des marécages, des carcasses, ainsi que des témoins attestant de la présence de créatures peu ordinaires. Voilà pour le contexte. L'ordre fut bien simple: enquêter sur cette affaire, et déterminer les animaux susceptibles d'avoir attaqués les bestioles à mort.
On remit alors au Kaguya un plan des marais bordant la cité des brumes, et lui souhaita bon courage pour la réussite de sa mission. On espérait que le Genin, pour appuyer son rapport, allait ramener au village des preuves confirmant la justesse de ses mots. L'Enfant des Neiges ne manquerait pas à ce prélèvement d'échantillons, qui pourrait lui faire valoir en plus de la reconnaissance du village un petit surplus de picaillons. Sans plus tarder le néophyte quitta la bâtisse administrative, et s'en alla en direction des alentours du village. La Brume ce matin était calme, et dormait encore. Elle s'était couchée le long des ruelles, des boulevards et des grands quartiers de la cité. Sa vaste couverture aux teintes de perle accentuait son action protectrice. Le jeune homme au regard céladon était plutôt bluffé, voire en admiration, devant ce spectacle naturel. Mais rapidement il dut s'en séparer, car le brouillard vint perdre en intensité une fois que la mangrove déroba ses droits à la ville. L'humidité resta néanmoins toujours aussi importante. L'eau était tantôt verte, tantôt brune, opaque et imprévisible. Un léger courant se distillait dans la rivière bordant les marais.
Quelques minutes plus tard, le guerrier à la crinière lunaire fut dérangé dans son travail par l'arrivée brutale d'un animal. Un dangereux reptile tentait de faire du Kaguya son repas du jour. L'animal n'était autre qu'un crocodile. Large mais petit, sa gueule avait la taille d'une planche de bois. Une vaste rangée de clous d'ivoires complétait cette planche écailleuse, ternie par endroits par quelques débris issus d'anciens repas. Malheureusement pour le reptile, Hakkyō ne se sacrifierait pas pour lui. Sans plus tarder, le Kaguya fit usage de son Shikotsumyaku pour dégainer un sabre osseux. Son humérus surgit ainsi de son épaule, prenant la forme d'un katana aiguisé et tranchant. Le crocodile, ne reculant en aucun cas face à la menace que représentait ce sabre, continua d'avancer vers sa proie. Habituellement le néophyte de Kirigakure no satō aurait fait preuve de pitié pour l'animal. Mais aujourd'hui, il avait la nécessité de faire couler le sang impur d'un animal. Son arme se planta alors avec vélocité du crâne de la bête. Cette dernière n'avait pas eu le temps d'ouvrir la gueule qu'un pied se posa sur le dessus pour prendre appui, et donner plus de force au coup d'épée. Le Kaguya retira par la suite son arme du corps inerte, désormais tâchée d'un sang reptilien. Son pied en appui sur la gueule du crocodile poussa par la suite la bête dans un buisson, laissant la charogne dans un lieu plus intime à sa putréfaction, à l'abri des regards indiscrets.
Histoire d'être prêt à se défendre en cas d'une nouvelle attaque d'animaux sauvages, le membre du clan disparu conserva son katana osseux dans sa dextre droite. La mission envisageait l'éventuelle présence de super-prédateurs hostiles dans les environs. Étrangement, ce ne fut pas le cas lorsque le Kaguya posa un pied dans les marécages où les charognes grouillaient. La végétation était importante et de rares tourbières se trouvaient ci et là dans la zone déboisée. Hakkyō commença dès lors à tousser, et à se sentir mal à l'aise: l'odeur des cadavres devenait insupportable à cette distance. Cependant, un autre danger agressa les sens du quidam, qui se retrouva encore plus mal à l'aise. Il n'y avait aucun prédateur, et pourtant Hakkyō sentait le danger. Plus attentif que jamais, il retint son souffle, et se précipita vers un premier corps animal pour l'examiner, sabre bien serré au poing. Il s'agissait du corps d'un ragondin, sorti occasionnellement des rivages. Le shinobi inspecta minutieusement le corps de l'animal. Aucune trace de morsures, de griffures. Il n'y avait aucune hémorragie externe notable. La cause du décès de la bête était plus subtile. Seules preuves de sa mort: une odeur de cadavre pénible, accentuée par la boue recouvrant par endroits le pelage du mammifère, ainsi que le faciès figée par l’œuvre de Thanatos. Son regard confirmait essentiellement cette mort suspecte.
Le guerrier au squelette de combat poursuivit son inspection sur d'autres cadavres, et fit à chaque fois le même constat: malgré l'état de certains corps, il n'y avait rien qui prouvait qu'un prédateur s'en était pris à ces animaux là. Faisant encore souffrir ses narines, le garçon originaire des contrées nordiques de Yuki no kuni fut pris de singulières nausées, affectant ses réflexes. Pris d'anxiété, il se retourna, et croisa soudainement une silhouette monstrueuse. Un animal quasi-chimérique, menaçant, aux membres développés et musclés. Des canines aussi grosses que des kunaïs, des poils aussi dangereux que des senbons, et des griffes aussi affutés que dix katanas. Impossible pour le Genin de décrire l'animal: hideux, il fut tellement horrible pour les yeux que sa forme nuisait aux lois de la logique. Son cri bestial distordait l'univers de la raison, tandis que tout ses autres attributs contribuèrent à semer le chaos sur les principes fondamentaux.
Sans plus attendre, tel un samouraï sur le champ de bataille, le spadassin bondit avec agilité sur sa proie, et tenta de lui lancer un violent coup d'estoc. L'animal poussa un rugissement impressionnant avant de cabrer pour tenter de s'en prendre au Kaguya. Son sabre tomba à terre, tandis qu'il fut pris dans un double bras de fer avec l'animal. Pattes avants contre dextres humaines, la lutte fut rapide.
— Raaaahhh ‼ Azusa no Mai ! Deux piques surgirent ainsi des paumes du combattant, transperçant les pattes de la bestiole. Elle hurla de douleur, tout en reculant. Au même moment le Kaguya retira ses piques, et visa le crâne de la bête avec ses phalanges. Son Tesshi Sendan eut raison de l'animal, qui dispersa des projectiles osseux sur la tête du monstre. Ce dernier s'écroula, avant de … disparaître. Le vainqueur suffoqua légèrement, tandis que le vaincu se dissipa.
— C'était… une hallucination, on dirait… Les voilà donc, les fameuses créatures menaçants les marécages… Mais d'où venaient ces chimères ? Et plus encore, comment les animaux vinrent-il mourir ? La réponse fut évidente, mais pour faire, il fallait se frotter à l'hallucination pour comprendre. Hakkyō trouva à proximité des cadavres des plantes dégageant des spores hallucinogènes, voire toxiques, et surtout létales pour les animaux. Il suffisait de les sentir pour se retrouver comme drogué. Retenant une fois encore sa respiration, l'azimut préleva quelques plantes aux fleurs trompeuses et les enroula dans un morceau de tissu. Quelques plantes seraient destinés au village, afin de faire des analyses plus poussés confirmant comme preuves la nature du décès des animaux. D'autres seraient employés à un usage plus… personnel. Outre la curiosité du manieur d'os, ce dernier désirait voir l'effet de ces spores hallucinogènes une fois en pleine crise de démence. Histoire d'appuyer ses propos avec plus de force, le guerrier, qui avait réussi sa mission, préleva également quelques échantillons de sang sur les quelques cadavres présents à proximité des plantes psychotropes. A son retour, le conseil valida le rapport du Kaguya, qui obtint son habituelle bourse de Ryōs ainsi que la reconnaissance supplémentaire des Kirijins.
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