A chaque jour sa mission. Aujourd’hui, je dois aller m’occuper d’une petite vieille. Hm, je vais tout de suite arrêter de penser comme ça, sinon mon humeur va me gâcher la journée. Bref, m’occuper d’une charmante vieille dame sûrement aigrie et gâteuse qui doit bav… S’baaf ! Claque psychologique. Recommençons tout ça.

Ma mission consiste à m’occuper d’une dame âgée pendant une journée. Sa fille ne peut malheureusement pas le faire, ses obligations professionnelles l’en empêchant. Je devrai donc maintenir cette femme en vie jusqu’au soir, espérons qu’elle ne me claque pas dans les mains. Raah, pas moyen de rester gentille aujourd’hui, c’est pas beau pas bon. D’après ce que je sais, la fille m’a laissé une liste avec les choses à faire, à quelle heure et ci et ça. Je dois m’y rendre aux aurores. En y pensant, cette vieille femme n’a pas vraiment de chance, toutes ses journées doivent se ressembler, elle suit un rythme qui ne lui plaît peut être pas, vu que c’est sa fille qui décide tout pour elle. M’enfin, c’pas mon problème.

La maison était petite mais de bon goût, raffinée. Ca m’embête un peu de devoir la réveiller aussi tôt mais bon, quand il faut y aller, faut y aller. Je toque gentiment à la porte, et entend la petite vieille m’autoriser à entrer. Je me présente, commence à expliquer la raison de ma présence quand elle me coupe :

« La feuille que ma fille a écrite ce matin est sur le buffet, mais là, j’ai besoin d’aide pour ma toilette, dépêche-toi de lire ça et viens m’aider, gamine, j’ai faim ! »

P-, p-, pardon ?! Toi-, toi-, toilette ?! Oh non mais c’est pas possible, pas aussi tôt le matin. Je ne relève même pas qu’elle m’a traité de gamine. Après tout, par rapport à elle, la plupart des gens sont des gamins. Bon tant pis, je fais ce qu’elle dit.

Bonjour jeune ninja, merci de t’occuper de ma mère aujourd’hui, voilà ce qu’il y a à faire
- Toilette
- Petit déjeuner + médicaments œillets rouges
- Activités
- Déjeuner + médicaments œillets bleus
- Activités
Je rentrerai pour le dîner, bonne journée !
PS : elle ne supporte pas de voir les médicaments, cache les bien dans la nourriture !

Bon, bah voilà quoi. Je m’en vais donc aider cette vieille dame à se débarbouiller. Physiquement, elle me fait un peu de peine, elle est cambrée et se repose sur une canne en marchant d’un pas hésitant. Elle a dû tomber plusieurs fois, car je peux voir quelques bleus sur ses avant-bras. Ce moment délicat terminé, je prépare le petit déjeuné, en y ajoutant discrètement quelques un dans le café et d’autres que j’ai préalablement réduits en poudre dans la confiture. Le goût du sucre masque l’amertume de la plupart des médicaments, du coup aucun problème. Haha, je t’ai eu la vieille ! Bref, après ça, je lui demande ce qu’elle veut faire. Elle ne répond pas mais se lève de table et va dans le salon. Je la suis, de peur qu’elle ne se fasse mal. Mauvaise chose à faire visiblement.

« Mais qu’est-ce que tu fais, va tout de suite faire la vaisselle ! Ah, ces gamins ces gamins ! Ensuite, reviens ici, je t’attends. »

Action réaction je m’exécute. Je reviens et vois qu’elle a préparé un échiquier. Je n’aurai donc pas besoin de lui faire la lecture ou autre. Je m’assieds en face d’elle et nous commençons le jeu. Tout se passe dans le calme, et non sans étonnement, elle gagne. Je pensais pourtant être douée ! Baah, avec l’âge qu’elle a, elle a dû avoir des années et des années pour s’expérimenter. Elle s’apprête à parler quand elle commence à suffoquer. Mais elle me fait quoi là ?! Je me lève en vitesse, la mets en position semi-assise et lui demande de respirer. Je sais ça peut paraître idiot, mais c’est ce qu’on m’a appris. D’un coup, elle glousse. Là, je suis perdue. Et mon désarroi me fait perdre mon mutisme, car je sens très clairement mon visage se crisper d’incompréhension.

« Ahaha, je t’ai bien eue hein, t’as eu peur ! Aha ! Allez, va préparer le déjeuner, je range ce jeu. Tu es douée d’ailleurs, mais pas autant que moi ! »

Un folle cette dame, une folle. Encore un peu secouée, je me mets à la tâche. J’ouvre le frigo histoire de voir ce que je pouvais préparer quand je découvre des ramens préparés à l’avance avec un mot.

J’ai préparé ça pour le déjeuner, juste à réchauffer, bon appétit !

Vraiment gentille et pense-à-tout cette fille, génial ! Je réchauffe donc les ramens dans lesquels je dissous à nouveau les médicaments et nous passons à table. Après le repas, je fais automatiquement la vaisselle, de peur de me faire remonter les bretelles encore une fois. Vaisselle faite, la petite vielle me dit qu’elle veut sortir. Bonne chose, mauvaise chose ? Bon après tout, je pourrai lui faire ce plaisir. Nous sortons donc nous promener. Son rythme est lent mais régulier, et malgré ce que je pensais, elle ne s’essouffle pas si vite que ça. Nous nous arrêtons sur un banc dans un parc, où elle fit une sieste, la lumière du soleil caressant son visage ridé par les ans. Vers 17h30, elle se réveille et nous partons faire le chemin inverse.

En résumé, la journée s’est bien passée. Comme convenu, la fille ouvre la porte d’entrée à 18h. Elle me remercie encore une fois de m’être occupé de sa mère, me demande discrètement si je lui ai donné ses médicaments et sur mon oui, me congédie gentiment. Je repars donc faire mon rapport au bureau, mission effectuée !