Elle enfila dans la précipitation sa ceinture et ses quelques accessoires de kunoichi. La nouvelle était tombée comme un drame, et bien que personne ne connaissait l'étendue des éventuels dégâts, le kazekage s'était vu catégorique : arrêter l'intrus mort ou vif était devenu une priorité absolue, sans quoi c'était l'intégrité du village qui risquait d'être menacer. Et qui sait combien de vies cela pouvait impliquer, combien de tombes allaient devoir être érigées pour les victimes d'une erreur, d'une faille exploitée par le premier quidam venu. Oni avait pourtant veillé elle-même à l'élaboration de ce champ de force et des tours de ronde des gardes. Bref, tout avait été normalement pensé pour que personne puisse pénétrer l'enceinte du village sans que personne ne soit au courant. Théoriquement, cela avait marché, mais les quelques rares témoins de l'intrusion avait qualifié l'ennemi de fantôme, invisible et froid comme la mort. C'était là que la jeune femme intervenait, jouissant de ses capacités et de ses talents dans le pistage et la chasse aux mensonges. Et, connaissant ses propres limites, elle saurait sans aucuns doutes juger si il valait mieux appréhender l'intrus elle-même ou si la prudence voulait qu'il délègue la chose à plus gradé qu'elle. Mais avant de parler de combat, il fallait trouver cet individu qui se jouait des sécurités du village.

Ainsi se dirigea-t-elle vers le Sud du village, la ferme intention de mettre la main sur cet éventuel ennemi hantant ses mouvements. Empruntant les toits pour arriver toujours plus vite près de là où l'effraction s'était vue confirmée, elle ne tarda pas à rencontrer les quelques ninjas ayant eu connaissance les premiers de l'événement. Cependant, elle eut beau les interroger et tourner ses questions dans tous les sens pour que ses oreilles puissent percevoir la vérité dans leurs propos. Non pas qu'elle doutait de l'honnêteté de ses propres compagnons, mais plutôt qu'elle se doutait que pareille frustration pouvait atténuer l'esprit, que cette panique pouvait engendrer des dires incompréhensibles et parfois même contradictoires. Le cœur était altéré par l'extérieur, mais l'âme persistait, indemne et droite. Arrêter par tout les moyens un adversaire invisible relevait alors plus du tour de force que le résultat d'une simple enquête comme on leur avait appris à l'académie. Néanmoins, la chance semblait être du côté de la jeune femme pour l'occasion.

En effet, c'est en errant dans une rue de Suna qu'elle le perçut. D'abord inaudible, doux à l'oreille car lointain, le murmure s'intensifia à mesure que l'individu se rapprochait d'elle. Une peur farouche, une panique furieuse mêlée à un affolement profond. Le genre de sentiments qui hurlaient désormais aux oreilles d'Amane un désir de vivre, et une peur indicible, comme alimentée par l'agitation apparente. Alors, le doute ne put aucunement s'immiscer dans son esprit, c'était sans aucuns doutes cette personne qu'elle recherchait. Sans attendre, elle bifurqua alors en direction de l'individu, s'accrochant aux parois des immeubles alentours afin de prendre de la hauteur. Arrivée sur le toit, elle retira son bonnet pour tendre l'oreille au vent, porteur d'une multitude de sentiments et d'une foule de murmures, tout autant insignifiant pour elle que le bruissement de la pluie. Peu après, elle ne retenait que l'homme -ou la femme- qu'elle recherchait, avant de s'élancer dans sa direction, forte de connaître sa position avec une exactitude blessante pour l'être invisible. Lui qui désirait faire preuve d'assez de discrétion pour accomplir ses plus bas méfaits, ignorait sans doutes quels obstacles de taille allaient se dresser sur son chemin par la simple présence de la jeune femme. Se sentir interpellé alors que personne d'autre ne se trouvait dans cette ruelle lui mit alors la puce à l'oreille.

Portant ses doigts à sa bouche, la jeune femme se mit alors à siffler, appelant par la même occasion une multitude de ninjas postés aux alentours et qui avaient pour directives de boucler le périmètre qu'une fois qu'Amane aurait localisé leur cible commune. Ceci fait, ils n'eurent aucun mal à capturer l'intrus, et tous purent pleinement se féliciter de leur coopération. Cependant, le travail n'avait été rempli qu'à la moitié, aussi ils profitèrent du fait que le quidam se révélait pour entamer un interrogatoire mené à l'ombre des immeubles de sable. Se posant dans un coin pour jouir d'un instant de repos, elle ferma les yeux sur le monde alentours pour se concentrer sur la vérité suintant du cœur de son prisonnier. Ce dernier, questionné sur ses intentions, garda un complet silence qui n'aidait pas la jeune femme. Aussi, suite à une dernière question mêlée à quelques menaces de torture, elle se leva d'un bon pour réprimander son collègue chuunin. Son énervement ne laissait aucun doute, ce temps perdu ne lui reviendrait pas et

« Putain mais j'ai jamais vu un gland pareil. Autant lui demander son nom, adresse et numéro de compte, t'obtiendras le même résultat ! »

Sentant la moquerie au sein de l'esprit de son adversaire d'un jour, elle ne put s'empêcher de le rappeler à l'ordre d'une magnifique gifle. Laissant le goût du sang imprégner sa bouche, elle se saisit de ses joues dans un rictus malsain, mêlant colère abrupte et sentiment de domination. Comme lisant dans son regard qu'elle était nettement moins douce et encline à être patiente, l'individu laissa s'échapper ses idées de monter les uns contre les autres les différents chuunins présents. Sentant cela, Amane relâcha la pression avant de commencer à jouer avec les quelques anneaux présents sur son bras droit. Les reflets chatoyants la calmèrent l'espace d'un instant, alors qu'elle réfléchissait à comment elle pourrait tourner ses questions pour en tirer l'essence même de cette vérité qu'elle chérissait tant.

« Es-tu seul ? Un garde est-il corrompu par tes soins ? Y-a-t-il une brèche dans les montagnes qui permettrait de passer les gardes ? »

Désormais, elle seule pouvait scruter les réactions de son prisonnier. Car même si son mutisme pénalisait n'importe quelle personne normalement constituée, il semblait ignorer que les murmures de son cœur laissaient entendre la plus pure vérité. Et à moins de ne dévouer ses pensées les plus intimes qu'au néant le plus absolu, rien ni personne ne pouvait l'empêcher de récolter ces informations qu'elle chinait tant. Ces mêmes informations qui lui permettraient de faire un rapport détaillé quant à la situation, aussi critique soit-elle, au kazekage quémandeur de ses qualités. Cependant, la situation en elle-même ne parut pas aussi dramatique que ce à quoi elle s'était attendue. En effet, les méandres de son esprit et la mécanique de son cœur semblaient claires : il était seul et n'avait corrompu personne. La sécurité même du village pouvait donc rester la même. En ce qui concernait la probable fissure dans l'imposante montagne entourant le village, elle était tout aussi catégorique. Alors, sous le regard étonné de son prisonnier, elle demanda à ce qu'un binôme l'accompagne jusqu'à une cellule d'interrogation, quant aux autres ils allaient devoir parcourir une partie des remparts Sud à la recherche d'une fissure, aussi petite soit-elle, par laquelle un shinobi suffisamment souple pourrait passer. Elle, dans toute cette agitation, pouvait désormais s'en aller faire un rapport à son supérieur. Encore une fois, Suna semblait éviter le pire, mais était-ce parce qu'Amane vouait sa vie à la protection de ses habitants, où bien n'était-ce que ses oreilles qu'elle devait remercier ? Elle alors hocha la tête. En effet, les tracas étaient le fruit d'un lendemain sans horizon. Pourquoi s'inquiéter de ce qu'on ne pouvait voir?