Mugon’ était heureuse. Elle avait enfin obtenu le grade de Chuunin ; Le grade moyen, en outre. Elle ne cessait de songer aux missions qu’elle allait effectuer. Désormais, adieu les requêtes inintéressantes, et bonjour les combats farouches ! Il était certain qu’elle recevrait encore des tâches pitoyables, mais en minorité. Cela ne l’embêtait plus réellement. De plus, grâce à sa promotion, la Kunoichi avait vu son répertoire de techniques s’agrandir. Elle avait appris à manier l’affinité Suuiton. Dorénavant, elle pourrait manier l’eau à sa guise. Elle avait également intégré quelques nouvelles méthodes de soins, de rang supérieur. Elle se sentait comme invincible ! Bien que consciente qu’elle ne l’était pas, évidemment.

Mugon’ attendait avec impatience sa première mission de rang C. Elle avait demandé, si possible, un combat, afin de montrer son potentiel aux éventuels ennemis. Elle serait sans pitié !
Elle révisait seule, dans son coin, les signes à composer pour invoquer telle ou telle technique. Elle se devait d’être parfaite. Peut-être le Hokage la féliciterait-elle pour son passage au grade supérieur ? Enfin, il ne fallait pas trop en espérer non plus. Certes, elle avait réussi l’examen avec brio, mais elle n’était pas la seule. Si le Kage était dans l’obligation de complimenter chacun de ses ninjas, cela prendrait un temps fou !

Soudain, alors que la jeune femme se concentrait sur une technique Suuiton, quelqu’un toqua plusieurs fois, avec force, contre la porte. Dérangée et énervée par tant de violence, elle descendit les marches quatre-à-quatre afin de rencontrer cette fameuse personne. Elle se trouva être un Shinobi, probablement envoyé pour lui annoncer sa prochaine mission. Mugon’ avait vu juste.

« Bonjour, jeune Chuunin. Le Hokage m’a fait dépêcher à vos côtés pour vous informer qu’une mission vous attend en ce moment même, à son bureau. Je vous prierai de vous y rendre immédiatement. Merci de votre compréhension. »

Il était évident que cet homme ne vivait que pour son métier ; Il semblait totalement dévoué à son Maître, et ne transmettait que le strict minimum. Pas plus, pas moins. Mugon’ se jura de ne jamais devenir comme cela, préférant restée ouverte et joyeuse. Elle ne prit pas la peine de fermer la porte et attrapa ses affaires avant de rejoindre en courant la tour du Hokage.
Elle gravit les marches menant au bureau et y pénétra. Elle avait l’habitude, désormais. Le Kage lui donna sa mission avant de lui demander de déguerpir en vitesse. Peut-être avait-il des choses à faire. En tout cas, il n’avait pas félicité la Chuunin ; Une fois ne plus, elle avait espéré plus qu’elle ne pouvait obtenir. Mais cela ne lui fit ni chaud, ni froid, et elle quitta la pièce. Ce ne fut qu’une fois dans la rue qu’elle prit le temps de lire la feuille de papier sur laquelle reposait la but de la mission. Mugon’ devait sanctionner un Gennin martyrisant les jeunes académiciens. Il y était bien mentionné de ne pas tuer ce ninja, mais seulement le combattre et le faire comprendre qu’il n’agissait pas selon le règlement. Très bien, la Kunoichi pourrait lui dévoiler ses puissants justus tout juste acquis. C’est donc la mine joyeuse qu’elle gagna l’école où sévissait le malfrat.

Il n’était pas encore l’heure de la sortie. Il faudrait attendre. Cela ne posa aucun problème à Mugon’ qui avait tout son temps. Elle s’installa à l’ombre d’un arbre, afin de bénéficier d’un peu de fraicheur en cette journée de canicule. Environ dix minutes avant la sonnerie de fin des cours, un jeune garçon correspondant tout à fait au profil. Trop, même, pour que ce ne soit qu’une simple coïncidence. Il était d’une petite taille, portait une énorme écharpe rouge camouflant quasiment la totalité de son visage. Il revêtait le bandeau à motif de feuilles ainsi que l’étui à shurikens. Il n’y avait aucuns doutes : c’était lui. Souhaitant tout de même avoir la preuve qu’il était bien le malotru, Mugon’ mima s’être assoupie et gardait un œil sur lui. Lorsque les enfants sortirent, hurlants de joie, elle releva un peu plus la tête. Chaque enfant rejoignait ses parents ou rentrait chez lui, serein. Tous, sauf un petit groupe qui tourna à l’angle d’une rue. La Kunoichi connaissait bien cette rue. Pour la simple et bonne raison qu’il s’agissait d’un cul-de-sac. Comme elle avait pensé, le Gennin les suivit, un sourire malicieux aux lèvres. Seulement, aujourd’hui, il ne les manipulerait pas. Aussitôt, Mugon’ se leva et le prit en filature. Elle se cala sur le mur et espionna leur conversation.

« Alors, les mioches, vous avez ce que je vous ai demandé d’emmener ? Toi, tu as les ryos ? Et toi, là, la fillette, tu as mes gâteaux ? Fais attention, la dernière fois, tu as déjà failli à ta tâche. Cela ne doit pas se reproduire, ou tu le paieras de ton sang ! »

Elle commençait à gémir de peur, à l’identique d’un petit garçon, visiblement le plus jeune. Celui-ci était vraiment petit. Cela fit mal au cœur de Mugon’. Elle ne devait pas s’attarder à écouter, sinon, il leur ferait du mal. Elle se mordilla la lèvre inférieure, jusqu’à la faire saigner pour ne pas se faire remarquer. Ne pouvant résister à cette simple pensée d’horreur. Elle se montra, et aussitôt, une lueur d’espoir se dessina dans les yeux des enfants. Le Gennin, quant à lui, ne sembla pas être surpris.

« Je t’ai sentie. Ton aura de chakra n’est pas anodine. En matière de discrétion, tu n’es pas la plus douée … »

Non content de maltraiter des enfants, il se permettait d’être vulgaire envers les autres ? Il était certain que Mugon’ n’était pas la ninja la plus discrète, mais elle allait travailler ses approches pour ne pas être prise au dépourvue, comme en cet instant.

Étant muette, elle ne put rétorquer une de ses remarques très pointues. Au moins, elle avait permis aux jeunes ninjas en herbe de s’échapper. D’ailleurs, lorsque son adversaire s’en rendit compte, il lui lança un regard noir.

« Tu les as laissés partir … Tu sais ce que cela va te coûter ? Prépare-toi à souffrir. Je ne sais pas si tu me connais, mais je vais t’aider. Mon nom est Tsuku Erai. Comme mon nom l’explique si bien, je manipule le Katon. Mon père était d’ailleurs un grand maître dans la maîtrise de cet élément. Et il m’a absolument tout transmis. Je ne peux pas me permettre de perdre, alors je ne te laisserai pas une seule seconde de répit, contrairement à mes combats. »

Mugon’ laissa échapper un bâillement. Bien que cela fût totalement involontaire, le Gennin sembla être davantage énervé. Aussitôt, il fonça sur la Kunoichi, un kunaï à la main, prêt à la tuer s’il le fallait. La jeune femme, quant à elle, ne pourrait pas agir de la sorte. Elle devrait le blesser assez afin qu’il comprenne que ce qu’il faisait n’était pas permis. Le combat débuta alors.

Tsuku , lancé à vive allure, brandissait son arme en direction de Mugon’. Cette offensive ne serait pas la plus compliquée à esquiver. Elle bondit en l’air, puis s’appuya contre un des murs de la ruelle et passa derrière son assaillant. Celui-ci permuta instantanément et se retrouva face à elle et lui asséna un terrible coup de poing qui eut pour effet de la déstabiliser. C’était que le bougre possédait une grande force ! Afin de ne pas se faire toucher davantage, elle se ressaisit et exécuta une souplesse arrière, infligeant un coup de pied dévastateur dans le menton du Gennin. Celui-ci se mit à cracher du sang. Il reprit ses esprits et se mit à composer des signes à une vitesse folle ! Mugon’ n’allait pas permettre de ça. D’instinct, elle lui lança un shuriken dans le but de d’arrêter l’incantation. Trop tard, malheureusement, car Tsuku prononça très distinctement les mots suivants :

« Housenka (Balsamine) ! »

Plusieurs flammèches s’envolèrent en sa direction, renvoyant au passage son shuriken, se retrouvant enflammé. Il y avait bien trop de projectiles pour ne pas être touché ! Elle tenta de les éviter, mais se vit brûler au bras gauche. Aussitôt, elle posa sa main dessus afin de stopper la douleur. Elle possédait tout de même un avantage : elle maniait l’élément supérieur au feu. Énervée, elle exécuta la technique suivante :

« Chiyute no Jutsu ! »

Sa blessure guérit instantanément grâce à sa maîtrise de l’Iroujustu. Tsuku la toisa avec colère. Il venait de se rendre compte qu’il n’allait pas gagner aussi facilement. Mugon’ s’empressa d’invoquer son épée d’eau, « Mizukuri no Yaiba ». Elle courut aussi vite qu’elle put en direction de son adversaire. Celui-ci s’était mis en garde afin de ne pas être pris au dépourvu lorsqu’il recevrait l’attaque. Lorsqu’elle fut proche de lui, elle tenta de le toucher à plusieurs reprises, en vain. Il possédait une telle agilité ! Seulement, il n’était pas très rusé. La Kunoichi n’eut besoin que d’anticiper son esquive pour le toucher grièvement au bras. Désormais un bras hors d’étant de nuire, il ne pourrait plus composer de signes. La partie était gagnée d’avance. Malheureusement, elle n’était pas parvenue à le blesser à son bras avec lequel il utilisait ses armes.

Elle positionna son épée sur le coup de son adversaire, en signe de dernière tentative. Il devait s’excuser, et maintenant.

« Qu’est ce que tu as cru ? Tu te penses plus forte que tout le monde parce-que tu es Chuunin ? Et bien détrompes toi ! Je n’abandonnerai pas si facilement ! »

Il se recula, mais la douleur était telle, qu’il retomba au sol. Peut-être qu’une dernière attaque le ferait changer d’avis ? Mugon’ composa plusieurs signes et invoqua une technique Suuiton :

« Taihoudan ! »

Sur ces mots, un canon d’eau jaillit de la bouche de Mugon’ et propulsa Tsuku contre le mur. La puissance du choc l’étourdit et il perdit connaissance. Au début, la jeune femme crut l’avoir tué, et paniqua. Heureusement, lorsqu’elle l’allongea au sol et qu’elle soigna ses blessures, elle se rendit compte qu’il ne s’était seulement évanoui.

Mugon’ contacta un de ses supérieurs, Juunin. Elle lui expliqua le but de sa mission et il l’emmena aussitôt à l’hôpital.