C'est donc ainsi qu'allait se passer cette foutue journée ? Pas un bruit ne rôdait dans les couloirs de son bureau. Saito, toujours assis, feuilletait quelques pages d'un dossier quelconque qu'on avait posé sur son bureau. Si j'avais su que Raikage demandait autant de travail. Toujours penché par dessus son bureau, la lueur du soleil traversait la fenêtre pour directement venir se nicher sur son visage. Un oeil clos, l'autre à demi-ouvert, il trouva le moment peu propice pour se concentrer. Qu'est-ce qui l'obligeait à rester ici à près tout ? Levant les yeux vers la fenêtre, il rêva quelques instants des anciennes missions qu'il avait passé avec ses camarades. Ancien ninja de terrain, il ne pensait plus qu'à ça : Retourner flanquer une raclée aux ennemis de son village. Mais qui occuperait son poste à sa place ? Au finale, sans lui, le village ne tournerai pas ! C'est tout du moins ce qu'il se dit afin de se rassurer.

La porte grinça au moment où il commença à la tirer vers lui. Sortant la tête par la porte, il s'attendait à voir surgir à tout moment une secrétaire avec un café ou un ninja avec un rapport de mission. Mais rien. Nada. Sortant encore un peu le haut de son corps, il observa minutieusement chaque coin du couloir. Apparemment, aucune porte n'était ouverte. L'heure de quitter le boulot n'étant pas encore arrivée, il se demanda pourquoi personne ne venait le déranger. Faudrait peut-être que j'en profite. Se retournant alors, il attrapa au vol ses deux fourreaux et les enfila rapidement avant de s'en aller discrètement. Jetant quelques regards à droite et à gauche, il ne discerna aucune personne qu'il connaissait. Une chance pour lui puisqu'il comptait profiter de ces absences pour se balader un peu dans le village. Il ne tarda pas à atteindre le bas de la tour et s'échappa alors rapidement de cet endroit lui rappelant chaque jour un peu plus qu'il détestait écrire.

Le soleil tapait fort par contre. Ajustant son bandeau qui ne faisait que glisser sur son front, il n'aimait pas la sensation du tissus sur sa peau par une telle chaleur. Pourtant ce n'était pas les nuages qui manquaient, annonçant qu'un orage n'allait pas tarder à éclater. Sautant alors sur les toits des diverses maisons entourant sa résidence, il décida de faire un tour aux portes ; endroit peu fréquenté ces temps-ci puisque personne n'osait visiter Kumo du fait des derniers évènements. De plus, une idée lui traversa l'esprit. Autant aller cherché le relevé de compte des entrées puisqu'il avait perdu le dernier, chose qui lui arrivait de plus en plus souvent. Même quand je prends une pause, je bosse. Incroyablement fatigué par tout ce boulot, il ne rêvait que d'un peu d'actions. Et bien il ne pouvait pas rêver mieux que ce qui allait suivre.

Les portes se dressaient de toute leur envergure face à Saito. Approchant doucement de celles-ci, il profitait de cet instant paisible où personne ne lui faisait la conversation pour se "reposer". Un garde tenait effectivement le stande des passages. Une aubaine pour lui qu'il n'était pas en train de dormir. Stagnant alors devant le stand, il attendit que le ninja en question le reconnaisse.

« Raikage-sama ! Excusez-moi, mais que me vaut l'honneur de votre visite ?
- Je viens chercher les relevés d'entrées.
- Oui, bien sûr ! Tenez ! »

Tendant un bloc-note dans lequel les précieuses informations étaient notées, le ninja attendait que son supérieur s'en empare. Chose qu'il ne fit pas puisque d'un geste de la main, ordonnant au garde de se taire et de s'asseoir, il se dirigea soudainement un peu plus loin, attiré par un garde qui empêchait visiblement de faire passer des visiteurs. Ou plutôt une visiteuse, pour être exacte. A proximité de la scène, celui-ci écoutait chaque son que produisait la jeune femme qui se tenait en face du garde. Le bandeau de Suna que ses acolytes arboraient voulait tout dire. Merde, une visite de courtoisie. Faut que je m'éclipse le plus discrètement poss...

« Hoï Raikage-sama ! »

Est-ce qu'il m'a vu ... ?

« Raikage-sama ? »

Et merde ...

« Hum, oui, c'est bien moi. Que puis-je pour vous ?
- Vous tombez bien ! Cette femme est apparemment l'ambassadrice de Suna et elle tient à vous voir.
- Oui bien sûr. Dans ce cas suivez-moi. »

Tendant le bras vers sa tour, il indiqua le chemin à la nouvelle visiteuse. D'ordinaire silencieux, il ne fit pas défaut à ses habitudes, attendant qu'elle prenne la parole en première.

Si cette jeune fille lui rendait visite, ce n'était pas pour rien. Rêvassant pourtant sur le chemin, il écoutait d'une oreille distraite les paroles de la jeune kunoichi. Très diplomate, elle semblait jeune, bien que plus âgée que lui. Saito, plutôt novice en tant que Raikage, se demanda un temps à quoi pouvait bien servir une ambassadrice. Se dirigeant toujours vers son bureau accompagnée de la ninja de Suna, il observait du coin de l'oeil ses réactions. Son visage semblait calme, serein tandis qu'elle regardait partout autour d'elle. Avait-elle peur d'un quelconque piège ? Non, sinon elle ne serait pas venue seule. Il y avait autre chose. Mais que cherche-t-elle à la fin ? Ne voulant pourtant pas prendre la parole, il ne pouvait pas lui poser la question de but en blanc. Bien qu'il fût doué pour analyser les expressions de visage, elle pourrait se sentir offensée d'être ainsi soupçonnée. Non, il fallait que tout ça change. La bataille était finie mais pas la guerre : Il fallait faire confiance aux autres villages afin de conclure une alliance. Sinon, à quoi bon ? Tout ce dont rêvait Saito était de voir des villages en paix et l'Akatsuki six pieds sous terre.

Après que furent passées les banalitées de présentations, Saito prit à son tour la parole.

« Appelez moi Saito s'il vous plaît, je ne suis pas encore habitué à mon poste au point de me faire appeler comme tel. »

Même si l'épéiste était fier d'être le Raikage, il ne voulait pas qu'on se repose uniquement sur son titre pour le juger. Bien que jusqu'à présent celui-ci était resté calme, son sang ne fit qu'un tour lorsque l'Oni posa sa question. Non pas qu'il fut énervé, mais reparler de ces évènements le perturbait. Voir ainsi son village détruis alors qu'il était là pour le défendre le rendait malade tandis que ne pas comprendre le but de cette attaque lui donnait l'impression d'être inutile. Au finale, a quoi avait-elle rimé ? Auraient-ils sacrifiés des ninjas uniquement pour détruire une partie du village caché ? Pas très malin comme plan. Actuellement, tous les ninjas en missions hors du village avaient été rappelés. S'ils avaient attaqués le village tous ensemble, ils auraient eu plus de chance de l'annexer que maintenant. Quelque chose restait illogique. A moins qu'ils ne voulaient justement que les ninjas soient rappelés, ayant trouvés quelque chose d'intéressant sur les sites de fouilles. Enfin bref, Saito se prenait la tête pour rien car toutes ses hypothèses étaient bonnes. S'arrêtant alors en chemin, il fixait le sol et cherchait ses mots pour répondre à la kunoichi. Au début, il avait pensé qu'elle lui reprochait son jeune âge dans ses paroles, une idée qui ressortit assez rapidement de sa tête.

« Donc vous êtes là pour ça, voir ce qu'adviendra Kumo avec le nouveau Raikage. Oui, j'assume cette fonction depuis peu et je ne me sens pas forcément à l'aise, mais qui d'autre ? Je ne regrette pas mon choix. Juste les circonstances de celui-ci. »

Ses paroles étaient lourdes de sens, et la kunoichi le comprit sûrement assez rapidement. Non, le ton sur lequel il avait parlé n'avait pas la moindre once de colère, juste un peu de mélancolie dans la voix. Elle tenait donc à avoir un rapport détaillé de la situation, chose qui ne gênait en rien Saito.

« Pour faire simple, en une seule attaque le déserteur a annihilé 65% du village. Nous sommes en pleine reconstruction et évaluons à 30% les travaux restants. En ce qui concerne mes idéaux, je n'ai pas vraiment d'idée fixe sur le sujet. Pour l'instant, tout ce que je veux c'est obtenir la paix, mais pas par tout les moyen. La diplomatie reste le meilleur moyen d'y arriver. Les mots sont le type de magie le plus puissant qu'il existe : Il est capable de nous blesser ou à l'inverse de nous soigner. Pour l'instant rien n'est dit, mais il y ait des chances pour que vous m'entendiez dans peu de temps. »

Marquant une pause, il laissa la kunoichi assimiler toutes les informations. Elle ne venait sûrement pas uniquement pour une question. Un tel voyage l'avait sûrement épuisé, c'est pourquoi Saito comptait lui offrir l'hospitalité pour cette nuit, ou plus si elle le désirait.

« Si vous savez d'autres questions n'hésitez pas, j'ai du temps libre devant moi. »

Finalement, la journée ne s'annonçait pas si chante que ça. Toujours debout, immobiles, les deux ninjas parlaient du futur de leur villages respectifs. Regardant le ciel, Saito ne put s'empêcher de se représenter Suna comme un village remplis de vautours. En fait, qu'est ce qui lui disait que le village n'avait pas prévu d'attaquer Kumo et avait envoyé un éclaireur ? Bien que cette hypothèse aurait pu être la bonne, Saito s'entêtait à ne pas croire aux idées de ce genre. Appelez ça comme vous voudrez, Naïveté ou Espoir, le fait est qu'il voulait croire à un monde où les gens arrêtent de se taper dessus. Un rêve impossible, il en état conscient. Écoutant toujours ce que l'émissaire de Suna était venu lui dire, il comprit assez rapidement la vraie raison de sa venue. Étant proche du chef de son village mais n'ayant pourtant pas été choisie pour représenter sa garde personnelle lors du futur Sommet, elle tenait à se faire une idée du nouveau chef de Kumo afin de mieux conseiller le Kazekage. Souriant à l'idée qu'elle était partie de son plein gré, l'idée qu'elle était venue seule renforçait les idéaux du jeune épéiste. Après tout, il aurait très bien pu être hostile mais elle lui avait fait confiance. Elle partageait ses idées, et ça lui faisait très plaisir.

Les questions arrivèrent alors rapidement. Inclinant sa tête lorsqu'il entendit le nom de la jeune femme - une sorte de signe pour dire "enchanté", il ne voulait pas l'interrompre - il resta muet jusqu'à la fin de sa phrase. Apparemment Suna se plaçait donc aussi côté pacifisme, ce qui l'arrangea plus ou moins.

« Pour l'instant, je ne peux pas vraiment vous faire part de mes futurs plans. Le Sommet aura lieu dans peu de temps et, comprenez-moi, il se pourrait très bien que nous devenions ennemis. Au quel cas, les informations que je vous aurai divulgué seront retourné contre nous. Tout ce que je peux affirmer, c'est que nous ne lèverons pas les armes si un besoin ne s'en fait pas sentir. Vous me direz que chaque personne a une vision différente du mot "besoin", ce à quoi je réponds que ce ne sera pas pour attaquer un des autres villages. L'Akatsuki sera notre cible principale. Mais quoi qu'il en soit si un village se permet de barrer la route à Kumo, nous l'ignorerons dans un premier temps et passerons à l'offensive si il récidive. Je suis pour la diplomatie mais sait aussi dégainer lorsque c'est nécessaire. »

C'est ainsi qu'il pouvait au mieux décrire les intentions de Kumo. Sans être agressif, il voulait bien faire comprendre que même si le village optait pour une solution pacifique, il saurait se défendre contre une quelconque attaque.

« Mais d'après vos dires, on devrait bien s'entendre lors de notre prochaine Réunion. Puis-je vous demander pourquoi ne serez vous pas présente ? »

Après tout, un Kage se devait de choisir la personne en qui il avait le plus confiance pour l'accompagner. Et qui de mieux placé qu'un bras droit ?

Discutant toujours avec la Kitsune, Saito avait enfin trouvé sa maîtresse. Enfin quelqu'un qui était plus curieux que lui. Jamais de la vie il n'avait rencontré une personne qui posait autant de questions, et ça le changeait un peu des personnes qui n'osaient même pas lui parler. Souriant lorsque Oni dit en avoir finit avec les questions, ce qu'elle lui expliqua après n'était pas dénué de sens. C'est en quelque sorte ce qu'il avait aussi fait. Mais n'ayant pas de bras droit, il avait tout simplement laissé son ninja le plus haut gradé sur place. Écoutant attentivement les paroles de sa voisine, il se dit que ce qu'elle disait était loin d'être dénué de sens. De plus elle n'avait jamais posé les pieds à Kumo, un bon point pour lui ; elle n'avait donc aucun préjugé.

Au début, il voulut aussi en savoir plus sur Suna. Un pays entouré de sable le fascinait et bien qu'il n'y soit jamais allé, il l'avait toujours imaginé comme un village un peu "perdu". La vue d'un désert lointain devait être magnifique. Depuis un petit moment, il s'était contenté de rester silencieux, comme à son habitude. Oni décida donc de le relancer en complimentant la cité et en lui posant des questions sur les lieux à visiter.

« Et bien, par où commencer. Nous avons un fabuleux restaurant de Ramens au Nord-Est de notre position si vous tenez à manger avant de partir. La falaise du Tonnerre offre aussi une vue imprenable sur la zone, vous devriez allez y faire un tour. Notre académie vient aussi tout juste d'être refaite, si jamais vous voulez comparé les anciens et les nouveaux bâtiments. Enfin une grotte d'entraînement vous est mise à disposition au cas où vous voudriez vous défouler. Loin de moi l'idée de vous priver de vos occupations, mais permettez moi de vous offrir l'hospitalité pour la nuit. Il n'est jamais trop prudent de partir en journée plutôt que de faire une partie du voyage la nuit. »

Après tout, se dit-il, si déjà elle se plaisait ici, autant qu'elle reste un peu plus. Le sommet n'étant que dans un petit moment, elle ne risquait sûrement rien. Mais son chef ne pensait peut-être pas de la même façon que Saito.

« Il me suffirait d'envoyer une missive signée par vos soins au Kazekage afin de lui expliquer que vous ne risquez rien et que vous restez dormir ici. »

Que risquait-elle à rester ici ? Ce n'est pas lui qui allait la manger. D'ailleurs, curiosité oblige, elle enchaîna avec d'autres questions, d'ordre personnel cette fois-ci. Ceci ne dérangeait aucunement Saito qui n'avait à vrai dire rien à cacher.

« Pour être franc, venant tout juste d'avoir 18 ans je n'ai pas vraiment prêté attention à ma vie ... privée. Je ne suis ni marié, ni en couple, ni père, mais c'est une optique que je n'oublie pas. Et vous, êtes vous mariée ? Ou l'êtes vous uniquement à votre travail ?»

Observant toujours la femme qui l'accompagnait, Saito n'émettait plus aucun jugement critique. Pensant pouvoir lui faire confiance, il n'analysait plus ni ses phrases, ni ses gestes. Son jeune âge contrastait avec l'idée qu'elle ait un fils. Mère célibataire rimait souvent avec galère. Ne sachant quoi répondre, il se contenta de sourire et d'adresser un geste de la main à Oni.

« Dans ce cas, vous passerez mes salutations à votre fils, en espérant qu'il vienne un jour en tant que Ninja de Konoha. »

Ne se doutant pas qu'elle comptait déserter, Saito pensait sûrement revoir un jour le bambin. Ce fut d'ailleurs avec un geste theâtralement exagéré qu'il fit une révérence à la gente dame. Il était désolé qu'elle soit obligée de partir aussi vite, mais après tout c'était son choix. Espérant donc qu'elle garde un bon souvenir de son village, il salua lui aussi la jeune kunoichi.

« Dans ce cas, je vous souhaite bon voyage. »

Elle lui tendit soudainement un dossier apparemment rempli d'informations sur Suna. Feuilletant brièvement les pages, je ne pus que sourire à l'initiative de la Shinobi.

« Je vous remercie. Désolé de ne rien avoir préparé pour vous, votre visite était plutôt inpromptue. Mais si jamais, vous savez comment me contacter. Au plaisir de vous revoir. »

S'inclinant à nouveau, il balança un dernier geste de la main avant de s'en aller à nouveau vers son bureau. Cette journée s'était finalement annonçée plus mouvementée que prévue.