Se perdre dans le désert était un des dangers qui guettait chacun dans le pays du vent. Omniprésent, il alimentait les fantasmes et les fantasmagories de ses victimes sans jamais pouvoir les laisser s'échapper. Joueur, il se complaisait dans leur folie grandissante, se délectait de leur désespoir et, une fois son amusement amoindri, il en finissait avec la vie de ses prisonniers. Certains, plus chanceux que d'autres, s'arrachaient des griffes de cet enfant capricieux. D'autres, tout aussi bienheureux, étaient victimes d'hallucinations alors qu'on les sauvait in extremis, les enlevant ces enfants du pays aux serres d'une mort savourant déjà leur âme et leur corps. Mais dans tous les cas, le désert savait prendre ses responsabilités, rendre les dépouilles de ses jouets aux familles, ou encore ensevelir leur cadavre sous un amoncellement de sable se mouvant au gré des vents et des tempêtes.

Amane s'arrêta aux portes de son village. Emmitouflée dans un voile immaculé et disposant d'une épaisse paire de lunettes ce afin de se protéger du sable. Le temps en lui-même semblait pour l'instant calme et enclin à des recherches, mais on n'était jamais trop prudent. Avec elle, une fusée éclairante, un peu de matériel shinobi et enfin une gourde d'eau afin de lutter contre la déshydratation. Rien de plus ne lui était nécessaire dans cette mission de sauvetage, si ce n'est un peu de chance... Jouissant d'une partie des témoignages recueilli par une partie des caravaniers, elle eut une brève description de l'homme recherché, la zone dans laquelle il avait été aperçu la dernière fois... Toutes les cartes étaient désormais en sa main, ne restait plus qu'à les abattre dans le bon ordre. Maintenant, une partie se lançait avec un fourbe désert. L'enjeu, la vie -ou la mort- de la jeune femme et la réussite -ou non- de sa mission... Prenant une grande inspiration et ajustant ses lunettes, elle s'élança sous les quelques encouragements des shinobis présents.

Les recherches cependant ne furent aucunement aucunement fructueuse. Au lieu de cela, Amane eut quelques rencontres avec une paire de scorpions, un fennec assoupi et le début d'une tempête de sable. Assaillie par les multiples murmures des personnes happées par les dangerosités de ce désert, elle but une gorgée de sa gourde afin d'extirper ces hallucinations de son esprit. Lentement, elle se tourna au vent en retirant ses lunettes et découvrant son visage. Agressée par un soleil de plomb, elle sentit de lourdes gouttes de sueur perler sur son front, alors qu'elle plissait les yeux pour tenter de percer ces dunes et apercevoir cette silhouette à moitié ensevelie sous le sable, en vain. Même ses oreilles, sur lesquelles elle comptait énormément, ne purent satisfaire ses envies, laissant un sentiment d'amertume envahir son cœur. Doucement, retardant l'échéance en scrutant toujours autant l'horizon, elle se saisit de sa fusée éclairante avant de la tirer, signalant sa position aux shinobis postés à l'entrée de Suna.

Cependant, ce n'est pas le craquement sourd de l'explosion qui vint répondre en premier à ses appels. En effet, cette plainte suffocante, proche du râle, percuta ses oreilles comme un hurlement salvateur qui venait l'arracher à ses inepties et ses discours mortuaires à l'égard de la famille de la victime. Mémorisant la réponse des membres de Suna, elle se précipita au travers de ce désert battu alors qu'elle abattait sa paire d'as avec pertes et fracas. L'individu, gémissant et implorant la mort de l'emporter rapidement, sembla revenir sur ses déclarations lorsqu'Amane l'interpella sèchement.

« Il est encore un peu tôt pour implorer la mort ! Bois ça maintenant, au lieu de déblatérer tes conneries »

Sans se faire plus prier, l'homme se saisit de la gourde tendue avant de la vider en partie sous le regard condescendant de sa sauveuse. Cette dernière, ravie de sa réussite et de sa chance, sans pour autant le laisser transparaître, le laissa faire en s'orientant vers le village de Suna. La fortune semblait lui sourire aujourd'hui, autant à elle qu'à la cible de sa mission, et ils en remerciaient intérieurement chacun, fussent-ils Dieu ou Bouddha, qui aient eu une quelconque relation avec cette histoire. Le supportant tant bien que mal jusqu'au village, elle le laissa aux soins des autorités du village, partant profiter d'une bonne douche froide pour couper avec les morsures du désert. Cette fois, illusions et désespoir laissaient sa place à l'amour de la vie et la vérité la plus chaleureuse. A quand une prochaine partie, arrogant enfant du pays du vent ?