Elle courrait dans tous les sens, tentant de satisfaire chaque patients du mieux qu'elle pouvait. Elle avait même poussé la chose jusqu'à utiliser des clones aqueux pour pouvoir réaliser ce que ces infirmières en grève n'auraient su faire de par leur état. Tout ça pour pouvoir jouir de davantage de moyens et négocier quelques avantages dans leur métier. Et par ces temps sombres, tous se doutaient qu'elles auraient sans doute plus de travail que quiconque, surtout avec les récents attentats commis par quelques shinobis contre le système -ou quelque chose comme ça. Ça plus les tensions palpables entre divers pays, la chasse au bijuus et les missions à hauts risques que les puissants de ce monde cherchaient à faire valoir, il y avait de quoi faire. Cependant, aujourd'hui c'était une chuunin n'ayant aucunes idées de comment soigner convenablement les patients qui se chargeaient de cela. Et bien qu'elle n'était pas seule et qu'elle avait subi un très bref entretien visant à la mettre au parfum des plus simples procédures, elle ne savait pas si elle pourrait s'en sortir.

Entre les divers malades qu'il fallait approcher d'une certaine manière pour éviter tout contact -et donc toute contamination hypothétique-, ceux qui souffraient de leur récente amputation pour s'être aventuré trop près des lames ennemies ou encore les récents arrivants souffrant de maux qu'il fallait déterminer avec le plus de précision et de rapidité, elle ne savait malheureusement plus où donner de la tête. Les commanditaires l'avaient pourtant clairement précisé : il fallait faire de son mieux en attendant que la situation s'arrange tant bien que mal. Et cela n'était aucunement de tout repos, malgré les efforts incommensurables de la jeune femme. Si cela ne tenait qu'à elle, sans doute serait-elle déjà partie retrouver cette poignée d'infirmières maudites pour leur expliquer en quoi consistait leur travail. Elles n'avaient pas à se tenir sur le front, encore moins à subir les assauts incessants des ennemis, subir la peur viscérale de la mort qui pouvait frapper à n'importe quel moment, à n'importe quel endroit. Non, elles ne devaient que supporter la vue du sang et l'agonie de leurs proches, pleurer des larmes amères à la mort d'une personne qu'elles tentaient de sauver, pour rapidement passer à autre chose.

Alors, Amane se rendit compte qu'elle avait beau vivre dans un tout autre univers, elle subissait les mêmes lois, aussi injustes soient-elles, les mêmes pressions mais aussi les mêmes joies et les mêmes peines. Seule leur nature différait, et alors qu'elle administrait à un patient son traitement, elle ne put s'empêcher de se demander pourquoi ces infirmières faisaient-elles grève, si ce n'était peut être mieux vivre. Mais quel résultat cela allait-il amener, si personne s'occupait de ce que tous voulaient éviter ? Rien de mieux sans doutes, tout autant de problèmes qui s'amoncelaient dans sa tête, et qui ne semblaient pas trouver d'autre réponse que « C'est comme ça, on n'y peut rien ». Un fatalisme blessant qui parcourait son échine alors qu'elle faisait pression de tout son poids pour arrêter une hémorragie avant qu'elle ne laissa la relève à une paire de juunin qui avaient quelques notions de chirurgie. Elle ne faisait qu'observer cette mine dépitée, qu'écouter ces murmures de douleur qui pénétraient sa tête comme l'aurait fait une lame pernicieuse, jouant de son fil pour percer son esprit et l'atteignant dans son âme la plus profonde. Une nausée l'agressa alors, lui faisant regarder l'horloge. Elle remarqua alors que la journée s'achevait désormais, et pas la même occasion que les infirmières n'avaient plus de temps pour manifester.

Poussant un soupir salvateur, elle ordonna à ses clones de la rejoindre afin de ne pas mouiller inopinément les patients alors qu'elle mettrait fin à sa technique. Remerciant les personnes présentes pour l'avoir aidé dans les moments les plus délicats, c'est ensanglantée qu'elle rejoignit sa douche et son appartement au cœur de Suna. La vie restait un mystère à ses yeux et une douce sérénade à ses oreilles. Mais que se passait-il lorsque le mystère devenait amère vérité et que la musique cristalline virait à une 9ème symphonie, lugubre et mortuaire ? Elle l'ignorait sans doutes aucun, mais cette expérience restait habilement évitée jusque là. Jusqu'à quand pourrait-elle fuir la fatalité et son venin le plus létal, plongeant ses victimes dans les ténèbres oppressantes du désespoir et de la solitude?